Quels sont les risques d’une éventuelle guerre clandestine de la CIA contre la Russie et la Chine ? Par Ekaterina Blinova Arrêt sur info — 22 août 2021

 


Par Ekaterina Blinova

Paru le 12 Août 2021 sur Sputnik News


Douglas London, vétéran décoré de la CIA, a récemment appelé à renforcer la guerre clandestine contre la Russie et la Chine, insistant sur le fait que les États-Unis disposent de suffisamment d’outils pour avoir le dessus contre Moscou et Pékin. Cependant, l’économiste Paul Craig Roberts et le vétéran de la CIA Philip Giraldi ont souligné certaines failles apparentes dans la doctrine de London.

Le 5 août, une tribune intitulée « Defence alone will not protect us from Russia and China » (N’utiliser que la défense ne nous protégera pas de la Russie et de la Chine), écrite par Douglas London, un officier supérieur retraité de la CIA et professeur associé au Centre d’études de sécurité de l’université de Georgetown a été publiée dans The Hill.

Selon lui, « le seul renforcement des défenses et l’augmentation de la puissance de feu militaire » ne dissuaderont pas la Russie et la Chine « dont le comportement malveillant ne leur coûte pas beaucoup ». Selon lui, les services de renseignement américains sont « doués pour le sabotage », possèdent « de solides capacités informatiques secrètes et manifestes » et savent « voler des secrets [et] changer le cours de l’histoire par des actions secrètes ». Tout ce qu’il faut pour contenir Moscou et Pékin, c’est la volonté politique de Washington, « une stratégie d’attaque et de défense plus agile et plus équilibrée » et « un soupçon d’espièglerie clandestine », affirme London.

« Les États-Unis disposent de la plupart des outils et des ressources nécessaires pour s’imposer face à la Russie, à la Chine et à d’autres rivaux autoritaires », écrit-il. « Pourtant, pour dominer, l’Amérique a besoin d’un plus grand confort pour opérer dans l’ombre, d’où elle peut infliger des dommages qui feront réfléchir à deux fois tout ennemi avant d’agir. »

Le moment choisi par London pour publier son article

La publication de l’article coïncide avec deux évolutions majeures, selon Philip Giraldi, ancien spécialiste du contre-terrorisme à la CIA et officier du renseignement militaire : d’abord, « le retrait désastreux d’Afghanistan et les désengagements sur d’autres théâtres d’opérations » ; ensuite, les élections législatives de septembre en Russie.

Le complexe militaro-industriel américain est de plus en plus préoccupé par le retrait d’Afghanistan et d’Irak, selon ce vétéran du contre-terrorisme de la CIA. Il note qu’Israël craint également que le désengagement militaire américain enhardisse Téhéran et « a déjà averti, à plusieurs reprises, qu’il est prêt à frapper l’Iran seul, si nécessaire, bien que son lobby travaille dur pour s’assurer que Washington soit impliqué dans toute conséquence ».

Dans le même temps, London « semble être le porte-parole d’un certain type de pensée, on peut supposer que de nombreux membres de la communauté de la sécurité nationale inciteront la Maison Blanche à prendre des mesures pour interférer secrètement dans les prochaines élections russes tout en provoquant des troubles en Chine », selon Giraldi.

« L’objectif de London est clairement de provoquer un changement de régime à Moscou et à Pékin, et il pense que cela peut être accompli en utilisant les outils du renseignement qu’il a recommandés et qui, selon lui, peuvent ‘changer le cours de l’histoire’ », suggère-t-il.

Paul Craig Roberts, ancien rédacteur en chef du Wall Street Journal, ex-secrétaire adjoint au Trésor sous Ronald Reagan et ancien membre du Cold War Committee on the Present Danger, note que l’ingérence dans les élections et les opérations de changement de régime constituent le modus operandi des États-Unis depuis un certain temps. Il serait frivole de la part de Moscou et de Pékin d’accueillir des ONG soutenues par les États-Unis et l’UE, selon l’économiste.

« C’est Washington qui a renversé le gouvernement ukrainien et établi à sa place un gouvernement anti-russe. C’est Washington qui a failli renverser le gouvernement du Belarus. Les ONG gorgées de dollars sont des agents du changement de régime », déclare le Dr Roberts, ajoutant que l’establishment américain a même été prêt à enfreindre ses propres règles pour renverser le gouvernement indésirable du président Donald Trump.

Le 1er août, le directeur du Service de renseignement extérieur (SVR) de Russie, Sergey Naryshkin, avertissait dans une interview avec un journaliste russe que les élections législatives de septembre pourraient devenir un point focal pour l’ingérence, soulignant que les services de sécurité russes savent déjà « quels secteurs vont être frappées. »

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