Désindustrialisation de la France: Juger la trahison Par Régis de Castelnau Arrêt sur info — 18 novembre 2021

 

Territoires laissés à l’abandon dans des zones industrielles


Régis de Castelnau

Source: Vu du droit

Arnaud Montebourg a donc décidé d’être candidat à l’élection présidentielle. Il faut rappeler son ancienne appartenance au Parti socialiste, ses responsabilités ministérielles occupées sous François Hollande et son soutien à celui-ci à la primaire du PS. Les mauvaises langues prétendent que son ouvrage publié en 2000 sous le titre « La machine à trahir » était prémonitoire concernant son parcours politique. Et les mêmes mauvaises langues d’ajouter que son calamiteux slogan de campagne « La Remontada de la France » aurait plutôt dû être orthographié en ce qui le concerne en « Rodomontada ». Mais foin de méchanceté sur une cible facile et saluons son nouveau « souverainisme », il faut bien un début à tout.

Et comme d’habitude il multiplie les propositions tonitruantes. « Ça suffit », a-t-il déclaré sur le plateau de BFM. Le candidat à la présidentielle n’a pas mâché ses mots et s’est ému de l’existence d’une « élite dirigeante de ce pays qui laisse mourir toute une série de fleurons, ce qui nous a fait beaucoup de mal ». Pour lutter contre cette désindustrialisation de la France qu’il dénonce, il souhaite créer un « délit de trahison économique ». Invité le 12 novembre dernier sur le plateau de BFM TV, il a proposé la création d’un « délit de trahison économique » et n’a pas mâché ses mots : contre « les dirigeants de ce pays qui laissent mourir toute une série de fleurons et qui nous ont fait beaucoup de mal ». Il s’agit de lutter contre « tous ces vendeurs à la sauvette de la France en pièces détachées. À chaque fois qu’il y a eu des ventes à l’étranger, il y a eu des gros chèques qui sont arrivés sur le compte bancaire des dirigeants ». En citant les ventes « d’Alstom, Technip, Alcatel, Lafarge, Essilor, et maintenant Engie ». Et cédant à nouveau à son goût pour les formules ampoulées, il conclut « ça a été à chaque fois un coup de poignard dans le cœur national. » Arnaud Montebourg a parfaitement raison, d’abord de dénoncer ces comportements qui sont incontestablement autant de trahisons de l’intérêt national, et ensuite de vouloir en punir les coupables. Mais malheureusement et comme d’habitude l’homme politique en campagne cède à la facilité en proposant la création d’une infraction qui existe déjà dans le Code pénal. Au lieu de réclamer l’application de celui-ci.

Comment se pose effectivement le problème et qui est responsable de cette destruction de notre potentiel industriel de la France dont l’opinion publique fait aujourd’hui le constat effaré ? Et que sont contraints de reconnaître aujourd’hui, ceux-là même qui en sont à l’origine, et en ont grassement profité. Il faut en plus supporter de les entendre asséner, toute honte bue, qu’il faut « réindustrialiser la France ». Parce que c’est une vieille histoire, que cette trahison, où par idéologie néolibérale obtuse, soumission à l’Allemagne, cupidité obscène, certaines élites ont simplement vendu à l’encan un potentiel économique construit grâce aux efforts des travailleurs de notre pays.

On se livrera simplement à un petit rappel qui concerne la quasi-totalité de nos élites politiques, et économiques. Responsables de la catastrophe par la privatisation de notre secteur public sur des marchés financiers étrangers, le plus souvent américain, et par le démantèlement de nos grandes sociétés industrielles privées. Dans le désordre : Paribas, BIMP, CCF, Société générale, Saint-Gobain, la CGE, Havas, TF1, Suez, CGCT, la Mutuelle générale française, Matra, Caisse nationale de Crédit agricole, Crédit local de France, BNP, Rhône-Poulenc, Elf-Aquitaine, les assureurs UAP et AGF, la Seita, Usinor-Sacilor, Renault, Bull, Péchiney, France Telecom, Thomson-CSF, Air France, ainsi que les banques CIC, Société marseillaise de crédit et Crédit lyonnais, les assureurs Gan et CNP, Snecma, SAFRAN, les sociétés d’autoroutes SANEF, SAPRR et ASF, ouverture du capital d’EDF et GDF, EADS, AREVA, etc…

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