KAZAKHSTAN : Pour en savoir plus

 

Kazakhstan: La mission de paix de l’OTCS contrarie les États-Unis

Arrêt sur info — 

Le général Andrey Serdyukov, commandant des troupes aéroportées russes, dirigera les forces de maintien de la paix de l’OTSC au Kazakhstan.


Par M.K.Bhadrakumar

Paru le 8/01/21 sur Indianpunchline


Le point de presse du secrétaire d’État Antony Blinken à Washington le 7 janvier a été largement consacré à l’Ukraine et aux prochains pourparlers sur la stabilité stratégique avec la Russie. En réponse à une question posée à la fin de l’échange, Blinken a commenté avec agacement le déploiement de troupes russes au Kazakhstan.

Blinken a affirmé que les États-Unis observaient les développements en cours avec une « réelle préoccupation ». Il a souligné « l’importance absolue du respect des droits de l’homme, de la liberté des médias, y compris la restauration d’Internet, et la gestion des manifestations pacifiques de manière à protéger et respecter les manifestants, en conformité avec l’état de droit. »

De toute évidence, il n’était pas au courant des conditions dans lesquelles des « manifestants » avaient incendié la résidence officielle du président et le bureau du maire de la ville d’Almaty. L’ambassadeur de Russie à Washington, Anatoly Antonov, a déclaré dans une interview au magazine Newsweek que les manifestants au Kazakhstan peuvent revendiquer leur filiation à la guerre des États-Unis contre le terrorisme en Syrie et en Afghanistan ! C’est aussi plus ou moins ce que le président kazakh Tokayev avait dit dans un discours à la nation vendredi.

Blinken a souligné avec indignation que Washington s’attendait à ce qu’il y ait « une résolution respectueuse des droits dans cette crise… qui inclut la protection des droits de tout manifestant pacifique ».

S’agissant du déploiement de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), Blinken a déclaré : « Nous avons des questions sur la nature de la demande (de déploiement), et sur pourquoi elle a eu lieu. Nous cherchons à en savoir plus à ce sujet. Il me semble que les autorités et le gouvernement kazakhs ont certainement la capacité de traiter de manière appropriée les manifestations, de le faire d’une manière qui respecte les droits des manifestants tout en maintenant l’ordre public. Donc, on ne sait pas pourquoi ils ressentent le besoin d’une aide extérieure, alors nous essayons d’en savoir plus à ce sujet. »

Il a répété : « Nous espérons que le gouvernement lui-même pourra rapidement régler les problèmes, qui sont fondamentalement de nature économique et politique. C’est tout l’objet de ces protestations. »

Blinken a conclu qu’il ne confondrait pas les situations en Ukraine et au Kazakhstan. Mais, « Ceci dit, je pense qu’une leçon de l’histoire récente est qu’une fois que les Russes sont dans votre maison, il est parfois très difficile de les faire partir. »

Cette dernière remarque avait été soulevée par un journaliste parfaitement briefé, qui avait ouvert le feu en soufflant que le général russe qui dirigeait les opérations en cours au Kazakhstan « était justement celui qui dirigeait l’occupation de la Crimée ».

Le journaliste faisait référence à une annonce du ministère russe de la Défense selon laquelle le général Andrey Serdioukov, commandant des troupes aéroportées russes, avait été nommé pour diriger l’effort de maintien de la paix de l’OTSC au Kazakhstan. Le général Serdyukov est un général qui a déjà commandé des troupes en Tchétchénie, en Crimée et en Syrie avec une grande expérience du combat. Sans aucun doute, Serdyukov a été trié sur le volet pour la mission au Kazakhstan.

Serdioukov, qui, incidemment, est originaire de la région de Donetsk, a participé aux deux campagnes militaires tchétchènes. En tant que chef d’état-major du district militaire sud de la Russie, il a participé aux opérations en Ukraine à partir de 2014 et en 2019, et avait été brièvement nommé commandant des forces russes en Syrie d’où il est revenu à son travail sur l’Ukraine. Le général figure sur la liste des sanctions occidentales pour avoir commandé les troupes aéroportées affectées aux opérations en Crimée en 2014.

La vaste expérience professionnelle du général dans les interventions de l’armée russe entre évidemment en jeu dans la dernière mission. Les forces russes au Kazakhstan sous son commandement comprennent des unités de la 45e brigade de gardes Spetsnaz, de la 98e division aéroportée et de la 31e brigade d’assaut aérien de la garde.

Clairement, les événements dramatiques – les manifestations qui ont éclaté le 2 janvier et culminant trois jours plus tard avec la décision de l’OTSC de déployer des troupes – ont pris complètement Washington par surprise. L’administration Biden triomphait à l’idée que le Kremlin ait été pris en embuscade en Ukraine et ne s’attendait pas à un déploiement russe à un tel moment au Kazakhstan. L’inquiétude mêlée de perplexité et de fureur dans le ton de Blinken parle d’elle-même.

Ne vous y trompez pas, il y a eu une demande formelle du président kazakh Tokayev sollicitant l’aide de l’OTSC en tant que membre fondateur de l’Alliance. Des rapports suggèrent que des consultations mouvementées se sont déroulées dans la nuit du 5 janvier dès que l’appel à l’aide de Tokayev est arrivé au Premier ministre arménien Nikolai Pashinyan, qui détient la présidence tournante de l’OTSC.

Pashinyan a dûment convoqué une réunion des pays membres de l’OTSC (Russie, Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Kirghizistan et Tadjikistan) et une résolution formelle a été adoptée sous sa signature sur la décision de déployer des troupes. Le document précise que « Sur la base de la demande du Président de la République du Kazakhstan Kasim-Jomard Tokaev et des dangers menaçant la sécurité nationale et la souveraineté du Kazakhstan, résultant d’une intervention extérieure, conformément à l’article 4 du Collectif Traité de sécurité, le bloc a décidé d’envoyer les forces de maintien de la paix en République du Kazakhstan pour une période de temps limitée à la situation dans le pays, à des fins de stabilité et de régulation. »

L’OTSC est reconnue par l’ONU et a agi en vertu du droit international. Les États-Unis n’ont aucun locus standii dans les décisions de l’OTSC.

Il est raisonnable de penser que Tokayev ait procédé à une purge au sein de l’élite dirigeante kazakhe, écarté les éléments pro-occidentaux qui auraient agi en tant que collaborateurs des États-Unis dans la situation volatile actuelle. Ces éléments sont très sensibles au chantage US, tout comme ils sont attachés à leurs biens mal acquis dans des propriétés et des comptes en banque dans des pays occidentaux.

Le Kazakhstan avait montré ces toutes dernières années des propensions dangereuses gravitant en direction de l’orbite occidentale, grâce aux manœuvres de l’élite parasite dans la structure du pouvoir. Il est certain que Moscou s’attendra à un changement de cap. Tokayev a eu une longue conversation avec Poutine aujourd’hui.

Washington a créé des poches d’influence, en particulier parmi les jeunes et les nationalistes ethniques kazakhs, et alimente les tensions latentes entre la population kazakhe et russe. De même, les diplomates américains ont travaillé dur pour créer des perceptions négatives contre la Chine dans l’opinion publique kazakhe. Le sentiment de frustration de Blinken doit être compris dans cette perspective.

Washington craint en particulier qu’aucun calendrier précis n’ait été donné au déploiement russe. Le Kazakhstan est membre du Partenariat pour la paix de l’OTAN depuis 1994. C’était le seul pays d’Asie centrale à avoir envoyé un contingent militaire mener la guerre en Afghanistan sous la bannière de l’OTAN. Le Kazakhstan se préparait à accéder en tant que membre potentiel de l’OTAN, tout comme l’Ukraine et la Géorgie. Tout cela apparait maintenant comme une chimère.

M.K. Bhadrakumar

Source: https://www.indianpunchline.com/csto-in-kazakhstan-annoys-us/

Traduction: Olinda/Arrêtsurinfo

*********************************************************************************************************

 Maïdan ou révolte sociale au Kazakhstan?

Le point de vue de Sergeï Kozhemyakin

Sergei Kozhemyakin, docteur en sciences politiques et correspondant du journal La Pravda en Asie centrale, explique à PolitNavigator comment la rébellion au Kazakhstan est perçue par les pays voisins. Selon l’expert, les conditions préalables à l’éclatement des violences au cours de toutes les années précédentes ont été créées par les autorités kazakhes elles-mêmes, en flirtant avec l’Occident, avec les nationalistes et en favorisant les sentiments anti-russes.


Entretien réalisé par Nico Maury

Paru le 6 Janvier 2022 sur PolitNavigator


PolitNavigator : Bonjour, Sergei ! Que se passe-t-il au Kazakhstan ?

Sergei Kozhemyakin : Au Kazakhstan, il y a des manifestations massives, dont le terrain est préparé depuis de nombreuses années. Préparé, tout d’abord, par l’action des autorités. Avec le pillage des ressources naturelles au profit des plus riches, le pays a des niveaux élevés de pauvreté, de chômage et d’inégalité. La pandémie de coronavirus a exacerbé ces problèmes à l’extrême.

Dans ce contexte de niveaux de pauvreté importants, le nombre de milliardaires en dollars est passé de 4 à 7, et leur fortune combinée – de 12,7 à 24,1 milliards de dollars. Non seulement les autorités n’ont pas réussi à contenir la hausse des prix, mais par leurs actions, elles n’ont fait que l’encourager. Cela peut être vu dans l’exemple du gaz, dont le prix a doublé après la libéralisation des prix. Ce fut la goutte d’eau, après quoi la colère qui s’accumulait a fait irruption dans les rues.

Rappelons également que 2021 a battu le record du nombre de grèves. Elles ont eu lieu dans différentes régions, les travailleurs-travailleuses ont exigé une augmentation des salaires en réponse à la hausse des prix, de meilleures conditions de travail. De plus, l’activité de protestation la plus active était dans l’ouest de la république. Principale source de matières premières du pays et source de revenus du Kazakhstan, cette région souffre de problèmes sociaux non résolus. Pendant longtemps les autorités ont ignoré ces « appels ».

PolitNavigator : Néanmoins, certains analystes soutiennent qu’il s’agit d’une « révolte populaire », et d’autres qu’une « ukrainisation » artificielle du Kazakhstan qui se déroule sous nos yeux. Et s’il s’agissait des deux, c’est-à-dire à la fois une « révolte populaire » fondée sur des motifs objectifs et des processus spécialement dirigés ? Un tel « mélange » ne conduirait-il pas au « Maïdan » pro-occidental du Kazakhstan ?

Sergei Kozhemyakin : En fait, « l’ukrainisation » du Kazakhstan est en cours depuis de nombreuses années et son auteur est le gouvernement lui-même. L’antisoviétisme et l’anticommunisme font partie de l’idéologie d’État ; au niveau officiel, le thème de l’« Holodomor kazakh » est promu avec un nombre fantastique de « victimes ». Les derniers monuments de Lénine sont démolis, des centaines de noms « non locaux » (soviétiques et russes) de rues, quartiers, villages, villes sont renommés. Le gouvernement flirte avec les forces nationalistes, y compris leurs représentants dans les organes de l’État.

Rappelons que plusieurs candidats présidentiels aux dernières élections avaient des revendications de « décommunisation définitive » dans leurs programmes. Et comme la sélection des candidats au Kazakhstan est très difficile et que seules les personnalités fidèles sont autorisées à participer aux élections, une telle rhétorique a apparemment reçu l’approbation d’en haut.

Et les autorités ont longtemps fermé les yeux sur les fameuses « patrouilles linguistiques », ne réagissant avec lenteur qu’après des campagnes dans les médias russes.

Et en politique étrangère, les autorités, tout en assurant Moscou d' »amitié éternelle », ont noué des relations plus que fortes avec l’Occident. De grandes entreprises américaines et européennes travaillent au Kazakhstan, des exercices militaires conjoints avec l’OTAN sont organisés chaque année, les Américains ont créé un certain nombre de laboratoires biologiques dans la république avec des objectifs plus que douteux.

PolitNavigator : Et pourtant, plus précisément, je poserai la question : est-il possible de voir la fatale « main de l’Occident » dans les événements qui ont éclaté ?

Sergei Kozhemyakin : Bien sûr, un certain nombre de forces – internes et externes – tenteront de détourner les manifestations, de les utiliser à leurs propres fins. Mais si on parle des mêmes USA, alors le gouvernement actuel leur convient tout à fait.

Donner une sorte de prévisions en tête-à-tête est une entreprise reconnaissante. Aucune organisation des manifestations n’a encore été discernée. Depuis 30 ans, les autorités ont tout fait pour nettoyer l’opposition. En 2015, le Parti communiste a été interdit dans le pays, les syndicats indépendants ont été supprimés. La protestation a donc inévitablement pris une forme spontanée.

Espérons que les gens qui sont descendus dans la rue seront capables de « façonner » eux-mêmes une sorte d’organisation et de ne pas laisser les forces externes le faire.

PolitNavigator : Quelles sont les principales exigences des « rebelles » ?

Sergei Kozhemyakin : Initialement, les exigences étaient assez réduites – réduction des prix du gaz et des denrées alimentaires de base. Puis elles sont devenues « sociales générales », avec notamment une augmentation des salaires et des retraites, une diminution de l’âge de départ à la retraite (une question très douloureuse pour le Kazakhstan). Enfin, les slogans des manifestations portaient aussi sur la démission du gouvernement et du chef de la nation Nursultan Nazarbayev, qui a conservé plusieurs postes. Il n’y a pas de centre organisationnel unique, mais, à en juger par les informations reçues, des tentatives sont faites pour créer des sortes de conseils de coordination qui présentent des listes de revendications.

PolitNavigator : Quelle est la réaction des autorités et des forces politiques de l’opposition ?

Sergueï Kojemyakine : La réaction des autorités a d’abord suivi le principe de la « carotte et du bâton ». D’une part, elle a promis de rétablir les prix du gaz et d’introduire une réglementation étatique des prix pour d’autres biens. Le matin du 5 janvier, le gouvernement a été démis de ses fonctions. D’un autre côté, les autorités ont montré qu’elles étaient prêtes à réprimer durement les manifestations, pour lesquelles l’état d’urgence et le couvre-feu ont été instaurés, et les forces de l’ordre ont été mobilisées. Cependant, l’ampleur des discours a contraint les autorités à réagir « après coup » et à faire des concessions, qu’il était difficile d’imaginer le matin même. Ainsi, le président Tokayev a assumé les fonctions de chef du Conseil de sécurité, qui étaient auparavant exercées par Nazarbayev.

PolitNavigator : On n’a pas encore oublié comment les mobilisations antérieures à Zhanaozen ont été rapidement résolue et très durement réprimé. Sergey, les événements se développent vraiment rapidement. Pensez-vous que le dénouement viendra rapidement ?

Sergueï Kojemyakine : Il me semble qu’il ne faut pas s’attendre à ce que la situation se normalise dans les prochains jours. Alors que la situation évolue « à la hausse » – les protestations s’étendent, les affrontements deviennent de plus en plus féroces. La volonté d’un certain nombre de forces (groupes de pouvoir et les groupes criminels, etc.) est de combattre la contestation. L’attitude des autorités elles-mêmes reste floue par leur caractère monolithique, leur volonté de prendre des mesures sévères. En tout état de cause, le Kazakhstan est entré dans une période d’instabilité politique, sans commune mesure avec la situation d’il y a dix ans (révolte de Zhanaozen).

PolitNavigator : Un monument à Nazarbayev a été détruit dans l’une des villes de la région d’Alma-Ata. Des coups de feu ont été entendus, des émeutiers ont pris le contrôle d’un des bâtiments administratifs d’Alma-Ata, selon le chef de l’Etat, des agents de sécurité ont été tués, des maisons et des voitures ont été incendiées. Si les événements se déroulent selon le pire scénario de force pour les autorités kazakhes, comment pensez-vous que la Russie devrait agir ?

Sergei Kozhemyakin : Malheureusement, la Russie a depuis longtemps perdu ses faibles leviers d’influence sur l’espace post-soviétique qu’elle avait. La part de la population russe a diminué en 30 ans de 38 à 18%, la Russie n’a pas de présence notable de « soft power », se concentrant sur la construction de relations avec les élites …

La Russie continue de surveiller la situation en maintenant sa neutralité extérieure. Le soutien ouvert des autorités et l’intervention militaro-politique se heurte à la croissance de sentiments anti-russes. Ce que, j’espère, Moscou comprend.


Traduction Nico Maury

Source : PolitNavigator


Lire aussi:

Dans une interview au journal Komsomolskaia Pravda, Guennadi Ziouganov apporte un autre son de cloche sur les évènements au Kazakhstan.

Par Nico Mauri – Le 7 Janvier 2022

Ziouganov n’exclus pas qu’il y ait des ingérences étrangères dans les mobilisations au Kazakhstan, il faut, selon lui, « regarder de près le comportement de l’ambassade américaine, des pays de l’OTAN… ».

D’autre part, explique t-il, « il faut comprendre que dans l’espace post-soviétique, règne principalement le capital oligarchique, qui ne prend pas en compte les intérêts des citoyens ».

En Ukraine, les oligarques s’appuient sur les groupes fascistes-nazis pour détruire l’économie. En Biélorussie, les tentatives de renversement de Loukachenko ont été déjoué par la mobilisation populaire. Il précise qu’au « Kazakhstan, le gouvernement a décidé de doubler les prix du gaz, il a lui-même provoqué ce mécontentement des masses, qui perçoivent de bas salaires, alors que les prix montent. »

Interrogé par le journaliste, Guennadi Ziouganov explique qu’il ne s’agit pas d’un complot fomenté, « non, les pays étrangers n’ont rien à voir là-dedans, c’est une affaire interne. » Il pointe la responsabilité des oligarchiques et les choix politiques du gouvernement: « Les aides sociales ont été coupés dans le budget pour l’année prochaine, même les soins de santé et les produits pharmaceutiques ne seront plus subventionnés. »

**************************************************************************

 

Pourquoi le bloc militaire dirigé par la Russie est-il intervenu au Kazakhstan ?

Des militaires tadjiks, qui font partie de la force de maintien de la paix de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), partent vers le Kazakhstan depuis la base aérienne d’Ayni au Tadjikistan, le 7 janvier 2021. Crédit photo: Sputnik / Ministère russe de la Défense / Handout


Par RT

Paru le 7 janvier 2022 sous le titre Why did Russia-led military bloc intervene in Kazakhstan?


Cinq alliés de l’OTSC ont envoyé des forces de maintien de la paix à la demande de Nur-Sultan, qui doit faire face à des troubles de masse.

Une mission de maintien de la paix de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) a été déployée au Kazakhstan alors que le pays s’efforce de maîtriser la violence de rue. Voici les objectifs et la portée de cette mission multinationale.

Qu’est-ce que l’OTSC, exactement ?

Ce bloc de sécurité, composé de six anciens États soviétiques – l’Arménie, le Bélarus, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan – a été formé en 1992, après l’effondrement de l’Union soviétique. L’Armée rouge étant reléguée aux oubliettes de l’histoire, l’OTSC s’est donné pour mission d’assurer la sécurité collective de ses membres.

Le siège de l’organisation se trouve à Moscou, mais elle est présidée à tour de rôle par le dirigeant de chaque pays membre, dans le cadre de ce que l’on appelle une présidence tournante. Il prend ses décisions sur une base consensuelle. Les participants organisent des exercices militaires conjoints chaque année et ne peuvent pas faire partie d’autres blocs militaires, comme l’OTAN dirigée par les États-Unis.

L’OTSC a déployé une mission conjointe de maintien de la paix au Kazakhstan cette semaine. Les unités de chaque pays sont arrivées séparément jeudi et vendredi.

Pourquoi le gouvernement du Kazakhstan a-t-il demandé des casques bleus ?

Le président Kassym-Jomart Tokayev a demandé l’aide de l’OTSC mercredi, alors que de violents troubles secouaient le pays. Il a déclaré que cet appel à l’aide était « approprié et opportun », insistant sur le fait que les autorités n’étaient pas seulement confrontées à des manifestants, mais à une « menace terroriste » hautement organisée, visant à « saper l’intégrité territoriale » du Kazakhstan.

Des manifestations de masse fondées sur des griefs économiques ont commencé dans le pays au début de la nouvelle année, après une forte augmentation des prix du gaz de pétrole liquéfié. Cependant, malgré les concessions faites par le gouvernement, ces manifestations ont rapidement semblé être détournées par des groupes réclamant un changement de régime, ainsi que par des bandes d’émeutiers et de pillards violents. Les forces de l’ordre kazakhes semblent incapables de faire face à l’escalade de la violence.

L’appel à l’aide a été reconnu par l’OTSC quelques heures après l’appel de Tokayev. Tard dans la journée de mercredi, le président en exercice du bloc, le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan, a confirmé qu’une aide serait envoyée.

En quoi cela est-il légal ?

Selon l’article 2 du traité de sécurité collective : « En cas de menace pour la sécurité, la stabilité, l’intégrité territoriale et la souveraineté d’un ou plusieurs États membres… les États membres déclenchent immédiatement le mécanisme de consultations conjointes… » Parallèlement, l’article 4 stipule qu’en cas de menace, « tous les autres États membres, à la demande de cet État membre, apportent immédiatement à ce dernier l’aide nécessaire, y compris une aide militaire. »

En réponse à l’appel du président Tokayev, les alliés ont tenu des pourparlers d’urgence et ont convenu ensemble qu’une intervention militaire (inscrite dans un accord de maintien de la paix distinct) était justifiée, car les événements en cours au Kazakhstan constituent effectivement « une menace réelle pour la sécurité, la stabilité et l’intégrité territoriale du pays », selon le secrétaire général du bloc, Stanislav Zas.

Quels pays ont envoyé leurs troupes ?

Tous les membres de l’OTSC ont envoyé du personnel pour la mission de maintien de la paix. La force est composée d’environ 2 600 militaires au total.

Les soldats et le matériel russes ont été les premiers à arriver au Kazakhstan jeudi. Le Belarus a déployé une force opérationnelle vendredi, par voie aérienne via la Russie.

L’Arménie, le Kirghizstan et le Tadjikistan ont envoyé entre 100 et 200 personnes chacun, et ont également déployé du matériel militaire.

Cela signifie-t-il que les soldats russes s’engageront dans des combats de rue avec les émeutiers ?

Le principal objectif de la force de maintien de la paix est de protéger « les installations gouvernementales et stratégiques importantes », a déclaré le secrétaire général de l’OTSC. Les soldats aideront également les forces locales à « maintenir l’ordre » dans le pays.

Le déploiement ne sera pas utilisé pour s’attaquer directement aux manifestants et aux émeutiers, et les tâches de maintien de l’ordre continueront d’être effectuées par la police locale, ont promis les responsables.

« Le personnel militaire des forces collectives de maintien de la paix de l’OTSC ne participe pas aux activités opérationnelles et de combat des forces de l’ordre locales et des unités de l’armée pour établir l’ordre public dans le pays », a déclaré vendredi le ministère russe de la Défense.

LIRE PLUS : Le bloc dirigé par la Russie révèle si les forces de maintien de la paix utiliseront la force meurtrière au Kazakhstan.

Où les casques bleus seront-ils déployés ?

Si aucune liste précise des « installations stratégiques » qui seront gardées par les soldats n’a été fournie, les responsables militaires russes en ont révélé une poignée. Selon le porte-parole du ministère de la défense, le général de division Igor Konashenkov, les soldats de la paix russes seront utilisés pour protéger les consulats du pays, ainsi que l’aéroport international d’Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan.

La Russie loue également au Kazakhstan plusieurs sites d’importance stratégique, comme le célèbre cosmodrome de Baïkonour. Bien qu’il n’ait pas été confirmé que des casques bleus seraient déployés à Baïkonour, les autorités locales ont relevé le niveau de « menace terroriste » et introduit certaines restrictions, et des patrouilles d’autodéfense ont été formées localement.

Combien de temps la mission est-elle censée durer ?

Les casques bleus resteront au Kazakhstan aussi longtemps que le pays aura besoin de leur aide, selon M. Zas. Aucune durée exacte de la mission n’a été communiquée, mais le personnel aurait été déployé pour une « courte période » dans le pays d’Asie centrale.

Source: https://www.rt.com/russia/545391-kazakhstan-peacekeeping-mission-csto/

Traduction Olinda/Arrêt sur info

Lire aussi: Kazakhstan : l’intervention russe établit un précédent


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire