Arrêt sur info —
Par Boris Malagurski
Paru sur RT le 2 octobre 2021 sous le titre It’s time for NATO to leave Kosovo before it does any more damage
Il en ira de même au Kosovo que pour les interventions militaires de l’Occident au Vietnam et en Afghanistan. L’OTAN a outrepassé son mandat, joué un rôle excessif et n’est plus la bienvenue.
Alors que les derniers hélicoptères militaires américains quittaient Kaboul, en Afghanistan, beaucoup, y compris moi-même, ont souligné les similitudes avec l’humiliation de l’Amérique à Saïgon, au Sud-Vietnam – mais peu de gens ont osé établir un autre parallèle : le Kosovo.
Lorsque j’ai simplement demandé sur Twitter « Le Kosovo est-il le prochain sur la liste ? », les médias albanais ont été pris d’hystérie. La majorité albanaise du Kosovo célèbre les troupes de l’OTAN comme des sauveurs – L’OTAN a bombardé la Serbie pour lui retirer le contrôle de sa province méridionale du Kosovo en 1999. Depuis lors, l’OTAN a parrainé un projet d’édification de la nation qui semblait avoir atteint son apogée en 2008, lorsque les autorités provisoires du Kosovo ont déclaré leur indépendance de la Serbie.
Ce n’était pas un moment de type « fin de l’histoire ». La Serbie et une grande partie du monde n’ont pas reconnu le Kosovo comme entité indépendante, et le Kosovo lui-même est resté fortement dépendant de l’aide et du soutien militaire de l’Occident. La plupart des politiciens albanais en sont conscients et sont très obéissants à l’égard de l’OTAN, dont les troupes de la KFOR (Force pour le Kosovo) « maintiennent la paix » au Kosovo.
Malgré tout, l’OTAN a outrepassé son mandat. La résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a mis fin à la guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie, garantit la souveraineté de la Serbie sur le Kosovo, alors que l’OTAN fait pression pour un Kosovo indépendant depuis le premier jour de son occupation. La résolution demandait également le retour d’un nombre convenu de fonctionnaires yougoslaves et serbes pour maintenir une présence sur les sites importants et aux principaux points de passage frontaliers. L’OTAN n’a jamais permis que cela se concrétise. Le dernier Premier ministre serbe qui a demandé le respect de cet accord a été assassiné en 2003, un peu plus d’un mois après sa demande.
D’autre part, quels sont les résultats de l’ « édification de la nation » par l’OTAN au Kosovo ? Un taux de chômage proche de 30 %. C’est aujourd’hui une des régions les plus pauvres d’Europe, avec pas moins de 45% de la population sous le seuil officiel de pauvreté, et 17% dans l’extrême pauvreté. D’anciens terroristes de l’Armée de libération du Kosovo, dont certains sont accusés de trafic d’armes et d’organes, ont échangé leurs uniformes militaires pour des costumes de politiciens et dirigent la région. L’ancien président du Kosovo, surnommé « le serpent », est actuellement jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à La Haye. C’est lui qui avait inauguré la statue de Bill Clinton dans la capitale du Kosovo. Bill était ensuite venu faire la fête avec « Le Serpent ».
La récente querelle sur les plaques d’immatriculation (lien en français) entre le Kosovo et la Serbie n’est que le dernier exemple en date d’une direction kosovare incapable de prendre les vrais problèmes en charge, et qui recourt au conflit pour couvrir son incompétence. Au lieu de négocier avec Belgrade, le Kosovo a unilatéralement utilisé la force pour mettre en œuvre un retrait des plaques d’immatriculation serbes. Et tout ce que l’OTAN a voulu faire pour désamorcer les tensions, c’est proposer ses troupes de la KFOR pour remplacer celles de la force spéciale du Kosovo, sans même tenter de résoudre le nœud du différend. Que fait encore l’OTAN au Kosovo ?
Probablement la même chose que ce qu’elle faisait en Afghanistan. Elle espère que la mauvaise décision d’y aller finira par payer, d’une manière ou d’une autre. Mais cela ne marchera pas. Cela n’a pas marché au Vietnam, ni en Afghanistan, et cela ne marchera pas plus au Kosovo. Il est temps que l’OTAN commence à faire ses valises.
Boris Malagurski
Boris Malagurski est un réalisateur canadien d’origine serbe. Il est principalement connu pour le documentaire sur le démembrement de l’ex-Yougoslavie inscrit au catalogue de la Bibliothèque du Congrès « The Weight of Chains ».
Traduction Corinne Autey-Roussel/Entelekheia
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