Assange, un des patronymes qui aura fait couler le plus d’encre en ce début de 21ème siècle. Depuis 2010 et le mandat d’arrêt américain prononcé contre lui, le nom de Julian Assange ne cesse d’être sur toutes les lèvres. Arrêté et écroué par les autorités britanniques en 2019 après des années de réclusion au sein de l’ambassade d’Equateur à Londres, Assange comparait à nouveau devant la justice dans le cadre de sa procédure d’extradition vers les États-Unis où il risque d’être condamné à 170 ans de prison, condamné pour l’exemple.
Par Geoffroy Antoine
Source:.Ojim.fr
Wikileaks
Fondateur de Wikileaks, les travaux de Julian Assange ont permis de révéler au grand public l’existence de nombreux crimes de guerre commis par des militaires américains lors des aventures afghanes et irakiennes de l’Oncle Sam. Depuis, l’État profond américain n’a eu de cesse de vouloir ramener Assange sur son territoire, afin de le juger pour « espionnage » et le condamner à une peine qui pourrait largement dépasser les 100 années de prison.
Nouvel épisode à la Haute Cour de justice de Londres
Le mercredi 27 octobre 2021, c’est donc un nouvel épisode de la série judiciaire Assange qui a débuté. La Haute Cour de Londres va décider si, oui ou non, la demande d’extradition du lanceur d’alerte est recevable. Lors du dernier procès, les juges avaient considéré que l’état de santé de M. Assange ne permettait pas, à ce moment, une extradition vers les États-Unis.
Au-delà de la figure de Julian Assange, un tout autre enjeu émane de cette affaire politico-juridique, un enjeu qui dépasse celui de la personne d’Assange, cet enjeu, c’est celui de la presse et de la liberté d’informer.
Abandon des grands médias du monde libéral libertaire
Même si ces derniers ont eu tôt fait de l’abandonner à son sort, les grands médias occidentaux (Le New York Times, le Washington Post, El Pais ou encore Le Monde, notamment) ont vendu des centaines de milliers d’exemplaires grâce aux révélations d’Assange et ont ainsi pu informer des millions d’individus sur les abus du gouvernement américain et de certains autres. Condamner Assange, c’est aussi condamner la liberté des journalistes de faire leur travail, c’est-à-dire transmettre au citoyen lambda une information qui ne lui aurait jamais été transmise autrement.
Julian Assange considère le rapport à l’information est profondément asymétrique en ce sens que les États sont toujours dans une position de dominant. Eux seuls, avec les réseaux sociaux californiens, sont capables de créer et de cacher de l’information aux yeux de milliards d’êtres humains ; c’est pourquoi le cyberactiviste australien a consacré sa vie à tenter d’inverser ce rapport par le « hacking » et la divulgation publique de ces informations masquées. C’est le rôle du lanceur d’alerte. Le journaliste relaye ces informations à un large public tout en protégeant sa source. Aujourd’hui, qui protège encore Julian Assange ? Aux États-Unis comme en France, la classe médiatique a tourné le dos à celui qu’elle devrait protéger. Le journaliste Brésilien Pepe Escobar, très impliqué dans l’affaire Assange, rappelait que « Le Monde a profité des révélations de 2010 de Julian Assange, tout comme Der Speigel, El País, The Guardian et le New York Times. Après, ils ont fait un 180 degrés et comme les autres journaux, ils ont commencé un processus de dénigration et de diabolisation de Julian Assange. »
La liberté d’informer en désuétude
Entre 2010, l’année des révélations de Wikileaks, et 2012, les médias de grand chemin du monde entier, dont les français, ont volontiers diffusé les informations d’Assange. Mais une fois que ce dernier s’est retrouvé dans la tourmente judiciaire et diplomatique avec l’Equateur et les États-Unis, plus un seul n’a réellement pris le temps de relayer les informations du lanceur d’alerte. En 2016, Assange accorde une longue interview de 2h à John Pilger, journaliste australien dont la carrière est internationalement reconnue. Durant cet entretien, Assange s’attarde longuement sur Hilary Clinton et la fameuse révélation des courriels de campagne. Le cyberactiviste attire également l’attention sur sa situation personnelle et les risques qu’il encoure s’il est extradé aux États-Unis. Toutefois, aucun grand média ne prendra le temps de parler de cet entretien, ni le NYT, ni Le Monde, ni Le Figaro ni CNN ou la BBC…
Les médias de grand chemin ont décidé d’abandonner l’un des lanceurs d’alerte les plus influents de la planète, celui-là même qui leur donna un grand coup de pouce au début des années 2010. Si les motivations de cet abandon restent floues ou peuvent varier, une chose est pour le moins certaine: des milliers de journalistes ont trahi leur mission en omettant volontairement d’agir pour ce pourquoi leur profession existe : la liberté d’informer.
39 députés, à l’initiative de Cédric Villani (ex LREM passé à EELV) ont demandé que la France accorde l’asile politique à Julian Assange.
Geoffroy Antoine
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