Des milliers de soldats français TOUJOURS sans solde



1809612_5_d95c_le_ministre_de_.jpgL'énorme bug qui affecte la paie des militaires français ne sera pas résolu pour Noël, comme espéré au ministère de la défense. Primes oubliées, soldes amputées au point de mettre des familles en grave difficulté financière, ou, au contraire, trop-perçus de milliers d'euros, devenus des pièges à l'heure des déclarations d'impôts : depuis plus d'un an, du soldat rentré d'Afghanistan aux gradés, quelque 15 000 personnes font face à une machine folle. 

Un nouveau logiciel de paie est en cause, Louvois, mis en place en 2009. "Je reçois beaucoup de militaires dans la Marne, des gens qui ne sont pas payés depuis deux mois ! Ils n'ont plus rien pour vivre ! L'ordinateur est devenu fou : on ne leur verse que 150 euros par mois !", s'est emporté le député (UDI) Charles de Courson quand le sujet a été abordé, mardi 18 décembre, à l'Assemblée nationale, lors de l'examen du projet de loi de finances rectificative pour 2013. 

Le ministre Jean-Yves Le Drian, s'est rendu pour la deuxième fois, vendredi 21 décembre, dans le centre "Solde assistance" qu'il a mis en place le 1er octobre à Rambouillet. La défense déploie depuis quatre mois des efforts très importants pour tenter de régler ce qui apparaît comme l'un des plus gros dysfonctionnements dans la gestion des ressources humaines des armées. Un fonds d'urgence de 30 millions d'euros a été débloqué. 

La plateforme d'accueil de Rambouillet a reçu 15 000 appels et ouvert 6 500 dossiers. Elle a déjà, en urgence, remboursé 9 millions d'euros à 3 800 soldats qui n'avaient pas été payés correctement. La majorité des problèmes concernent des militaires partis en opérations extérieures. Dans la plupart des cas, les erreurs portaient sur des sommes inférieures à 5 000 euros. Pour près de 350 militaires, le trou atteignait cependant 8 500 euros en moyenne. Le ministère a demandé aux banques d'être bienveillantes vis-à-vis des découverts justifiés par le bug. La défense a aussi saisi la direction générale des finances publiques. 

LES PRINCIPALES VICTIMES SONT DES MILITAIRES PARTIS EN "OPEX" 

M. Le Drian décidera début janvier, après audit, si Louvois, logiciel fourni par une société de services informatiques, Steria, peut être viable à long terme dans les conditions où il a été implanté au ministère. Mais selon nos informations, l'outil ne semble pas réformable : à mesure que les données individuelles des 130 000 militaires de l'armée de terre y sont intégrées et les erreurs corrigées, l'informatique génère des bugs aléatoires. Le remplacer prendrait des mois, et coûterait des millions d'euros. 

"J'ignore dans quelles conditions il fut décidé de créer, d'instaurer puis de mettre en œuvre ce logiciel. En tous cas, de tels errements posent un très gros problème dans la gestion des affaires de l'Etat", a dû reconnaître le ministre du budget, Jérôme Cahuzac, mardi, à l'Assemblée. Le gouvernement a demandé au Parlement d'ouvrir 195 millions d'euros de crédits supplémentaires pour les traitements des militaires ; non seulement ils avaient été sous-évalués dans la loi de finance initiale, mais Louvois a aggravé la situation. 

Le sujet, contenu dans le plan de réforme décidé par le précédent gouvernement, a provoqué la colère de M. Le Drian. "En juillet, on m'avait fait savoir que tout rentrait dans l'ordre. C'est en me rendant dans les forces à partir de septembre que j'ai pu me rendre compte de l'ampleur des dégâts", avait-il regretté le 29 octobre en présentant le plan d'urgence. En interne, le contrôle général des armées est pointé du doigt, qui a poussé à la mise en œuvre rapide de la réforme sans que toutes les garanties soient acquises. 

MOBILISATION DES FEMMES DE SOLDATS 

De plus, l'armée de terre, particulièrement concernée, a d'abord nié qu'il y avait un problème. C'est la mobilisation des femmes de soldats qui a permis de mettre au jour l'ampleur du dysfonctionnement. Dans les autres services, marine ou service de santé des armées, aux effectifs moindres, des problèmes sont aussi survenus. Mais des équipes ont, discrètement, règlé au cas par cas les situations individuelles, en signant des chèques. 

L'affaire n'a pas fini d'empoisonner le gouvernement. "Il est clair que de très gros efforts devront être déployés l'année prochaine afin que le logiciel Louvois donne les résultats que l'on est en droit d'attendre et qu'il cesse de décevoir au point de mettre les gestionnaires du ministère de la défense, et plus généralement le gouvernement, dans une situation particulièrement délicate", a encore indiqué M. Cahuzac.
Sources: Le Monde / Sott - Jeudi 3 janvier 2013 - Origine WikiStrike

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