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vendredi 17 février 2017

L'autre "affaire Théo"



En fait, il y a deux "affaires Théo". La première concerne l'histoire que la presse nous a immédiatement présentée: celle d'un innocent noir de banlieu matraqué et violé par les policiers, parce qu'il était noir et d'une cité. La seconde affaire Théo est celle de la complicité politico-médiatique dans le compassionnel, pour nous resservir des héros de notre temps: soit des migrants, soit des gens de couleurs, ces "laissés-pour-compte" du système qui se battent contre l'injustice de cette classe abominable, blanche et riche. Tant la presse que les milieux politiques complaisants, surtout en période électorale, nous mettent dans une alternative intenable, hésitant entre la communautarisation et l'invective du Klu Klux Klan.


Il y a deux semaines, un jeune homme, Théo, est hospitalisé suite à des "brutalités policières". Innocent et se trouvant là presque par hasard, les policiers se seraient jetés sur lui et sans raison, sauf parce qu'il est noir, lui auraient lancé des insultes racistes au visage, l'auraient matraqué et violé avec une matraque. Suite à cela, il fut hospitalisé, un policier accusé de viol les trois autres sont mis en examen pour violence. Théo ressort de l'hôpital sur ses deux jambes, sa famille pleure de joie, lui est une victime parfaite. Médiatisable à souhait.

Tellement parfaite que la presse s'en empare, que le Président va lui rendre visite comme à un héros de guerre - chaque époque a les héros qu'elle peut ... et les Présidents aussi. La police est montrée du doigt, stigmatisée, notamment par ces artistes qui se sentent investis d'une mission civique tout autant qu'artistique. Tout cela avant même que l'enquête n'ait aboutie. Notre société n'a plus besoin d'enquête, la justice se fait dans la presse et dans la rue, c'est plus simple et plus rapide. Cela s'appelle le lynchage. La presse qui ne donne la parole qu'à une partie: la "victime" Théo, qui ne s'interroge pas sur les policiers, leurs raisons.

A tel point que la Police nationale publie un communiqué: la police n'est pas raciste, elle fait son travail, à savoir protéger l'ordre public et si la justice reconnait les faits, les policiers seront sanctionnés. Mais pas en raison de la rue, suite à une décision de justice. C'est toute la différence entre un état de droit et un état barbare.


Mais peu importe, l'occasion est trop belle. Les manifestations s'enchaînent, les manifestants soi-disant venus se prononcer contre les injustices se déchaînent et le spectacle est pitoyable. Entre les journalistes complaisants qui tendent les micros pour que ces jeunes puissent expliquer que les flics les interpellent pour rien les frappent chaque jour, etc. Et ensuite, l'on voit ces jeunes bruler des voitures, casser des vitrines.






Et après tout cela, le journal Le Point publie le témoignage du policier. Et il se trouve que ce témoignage est corroboré par les vidéos de surveillance. Que notre cher Théo est intervenu dès l'arrivée de la police qui contrôlait un autre gentil jeune homme du quartier. Il a frappé les policiers et donné des coups dans tous les sens. Cette version avait été donnée par les policiers moins de deux heures après l'arrestation, avant même qu'il ne porte plainte. Les policiers, eux, ont porté plainte contre Théo pour outrage et rébellion. Maintenant, la presse publie le témoignage objectif d'un ami de Théo qui affirme avoir été frappé il y a peu, justement par le policier qui est accusé de viol.

Bref, Théo a été matraqué après avoir agressé des policiers qui procédaient dans un quartier particulièrement difficile à un contrôle sur un autre individu de ce quartier. Donc, son "innocence" est déjà largement remise en cause. Quant au viol, il doit encore être prouvé ... et pas dans la presse.

Ces engouements médiatiques aveugles et sélectifs servent des intérêts très contestables. Ils renforcent le communautarisme qui s'insinue en France, favorise les discours racistes en réaction, stigmatisent le travail des forces de l'ordre que l'on accuse soit d'abandonner les quartiers difficiles, soit de violences. 

C'est dérangeant cette manière de s'engouffrer dans n'importe quel soutien aveugle, avant même que l'enquête préliminaire n'ait été bouclée. Cette complaisance dégoulinante d'hypocrisie et de renoncement, comme si elle était le résultat d'une culpabilité. Mais de quoi sommes-nous finalement coupables? 

Un individu agresse des policiers dans l'exercice de leurs fonctions. Ils réagissent. Cet individu n'a pas à agresser des policiers, quelle que soit sa religion, sa couleur de peau, sa condition sociale. Les policiers doivent réagir quelle que soit la religion, la couleur de peau et la condition sociale de toute personne qui se comporte de cette manière sur n'importe quel endroit du territoire français. C'est la République. Les habitants des cités, quelle que soit leur religion, leur couleur de peau et leur condition sociale doivent aussi respecter les règles de droit. Parce qu'il n'y a pas que des droits, mais aussi des devoirs.

Sinon imaginez ce qui pourra se passer bientôt. Vous appellerez la police, parce que quelqu'un de violent tente d'entrer chez vous. Et le policier vous demande: Il est violent? Réponse: Oui. Question: Il est blanc? Réponse: Non.  Réaction: Désolé, mais on ne peut pas se déplacer. Vous comprenez, c'est une personne de couleur qui est violente, on sera obligé de réagir et alors l'on nous accusera de violence. Mais vous pourrez toujours porter plainte après, enfin si la justice ne veut pas prendre le risque d'être accusée de racisme et si vous êtes en état de le faire.

Pensez-y lorsque vous irez manifester contre la police. Quant aux violences policières, aux vraies, elles sont condamnables, ce que chacun, les policiers eux-mêmes, savent pertinamment. Mais après une décision de justice.