Excellent article : Loïc Liber, tétraplégique, victime de Mohammed Merah et oublié de la République

Loïc Liber appartenait au 17e régiment de génie parachutiste ; aujourd’hui, il a tenu à rompre son silence. Il y a trois ans, ce Guadeloupéen était la cible de Mohammed Merah, à Montauban. Ils étaient trois devant le distributeur de billets de la Société générale, situé à proximité de la caserne Doumerc, ce 15 mars 2012.

Ils n’ont pas vu venir l’homme à moto qui, écartant une vieille dame, les a pris pour cible simplement parce qu’ils portaient un béret rouge. Loïc a été grièvement blessé, ses deux camarades de régiment – Abel Chennouf et Mohamed Legouad -, eux, sont morts sur ce trottoir, dans une petite ville française, sans comprendre.
Le militaire rescapé est resté un temps entre la vie et la mort mais, finalement, cette dernière n’a pas voulu de lui : « Heureusement, la balle a traversé mon corps de travers », explique-t-il à Radio Outre-Mer. « Je me rappelle très bien de la scène, on était trois. Malheureusement cet homme – il refuse de nommer Mohammed Merah – est venu par derrière… C’est un geste lâche, parce qu’il n’a pas eu le cran de nous affronter face à face. Tirer dans le dos de quelqu’un, c’est se montrer lâche… Ça fait beaucoup de peine de savoir qu’on est le seul rescapé de cette tragédie », confie avec tristesse ce soldat.

En tout, sept personnes dont 3 enfants et leur père de confession juive ont été tuées par Merah.
Depuis son agression, Loïc Liber est tétraplégique et ne peut bouger que la tête et les épaules. Dans sa chambre de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Percy, une statuette de l’archange Saint-Michel, protecteur des parachutistes, trône sur sa table de nuit. Son béret rouge et une photo de son île natale sont accrochés au mur. « Aujourd’hui, ça fait trois ans que je suis paralysé. Mais je tiens à ce que tout le monde sache que je suis là ! Et que je me bats », a-t-il confié aux journalistes… « Tant bien que mal, je m’accroche à la vie. Cet homme, qui m’a fait souffrir, qui me fait encore souffrir, je ne veux pas le laisser gagner », ajoute-t-il avec rage et courage.

Il est quand même confondant de considérer que, revêtu pour la circonstance de son uniforme parachutiste, ce jeune Guadeloupéen n’a reçu comme décoration « que » la valeur militaire, remise par Le Drian en personne sur son lit de douleur. Elkabbach et Gérard Holtz, eux, ont été nommés respectivement commandeur et chevalier de la Légion d’honneur en juillet 2014… Pourtant, il faut certainement plus de courage pour vivre tétraplégique depuis trois ans dans un hôpital militaire et continuer à lutter pour se sortir de son état que d’interroger des gens sur le plateau d’Europe 1 ou être journaliste sportif sur France 2 et ami de Manuel Valls.

Un dernier point : quatre jours plus tôt, le 11 mars 2012, est mort le sous-officier du 1er régiment du train parachutiste, Imad Ibn Ziaten. Celui-ci a rendez-vous avec un jeune homme sur un parking de Toulouse pour vendre sa moto. Ce jeune homme, c’est Merah. Toute la scène est filmée par une mini-caméra portée par le terroriste. Après s’être assuré que le vendeur est bien un militaire, le faux acquéreur sort une arme et s’écrie « Mets-toi à plat ventre. Je rigole pas, mets-toi à plat ventre ! » Le soldat refuse : « Tu ranges ça tout de suite. Je ne me mettrai pas à plat ventre, tu dégages. Je ne me mettrai pas à plat ventre, je reste. » Le terroriste réitère son ordre. Le militaire lui répond « Tu vas tirer ? Vas-y, ben tire ». Il est alors abattu d’une balle de 11,43 mm dans la tête, tirée à bout portant. Que la bravoure de cet homme nous serve aujourd’hui de leçon : ne nous couchons pas devant le terrorisme islamique.

Article issu de Boulevard-Voltaire du 18 mars 2015 
Ancien officier de Gendarmerie
Diplômé de criminologie et de criminalistique

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