Le FN pointe l'«échec spectaculaire» de l'UE


«Il n'y a pas un seul domaine où l'Union européenne apparaît comme un élément protecteur ou un élément de croissance», estime Marine Le Pen (ici le 10 février à Sablé-sur-Sarthe).











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Marine Le Pen, la présidente du Front national, espère figurer en tête du scrutin le 25 mai pour appeler à la dissolution de l'Assemblée nationale.
«L'euroscepticisme entraînera obligatoirement un choc politique qui secouera toute la classe politique traditionnelle.» Cette prévision de déflagration eurosceptique est signée Marine Le Pen, à cent jours des élections européennes. La présidente du Front national, qui espère bien figurer en tête du scrutin le 25 mai, s'appuiera dès le lendemain sur les résultats de ses listes et sur ce sentiment croissant de défiance pour appeler immédiatement à la dissolution de l'Assemblée nationale. «À partir du moment où 80% des lois françaises ne sont que la traduction de directives européennes et que les Français expriment leur rejet, poursuit-elle, on ne peut que réclamer une dissolution et la tenue d'élections législatives à la proportionnelle.»
Après les élections municipales, où le FN compte aussi s'afficher comme une force incontournable du second tour dans le maximum de villes, Marine Le Pen compte bâtir un groupe au Parlement européen pour peser sur les débats de l'Union européenne. «Il n'y a pas un seul domaine où l'Union européenne apparaît comme un élément protecteur ou un élément de croissance. L'échec est absolument spectaculaire», poursuit-elle en énumérant une liste de domaines illustrant son constat, de l'«l'économie» au «chômage» en passant par la «concurrence internationale déloyale» et les «valeurs traditionnelles.» L'eurodéputée pense que ce «rejet de plus en plus fort de la superstructure européenne» révèle une prise de conscience: «Les Français commencent à comprendre quel était l'objectif réel de cette UE, qui n'était pas du tout le bien-être des peuples mais la mise sous tutelle au bénéfice de quelques-uns».
Si Marine Le Pen se félicite de cette poussée eurosceptique en observant les études d'opinion, elle fait aussi un calcul simple en additionnant le poids du FN dans les sondages à ceux notamment de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche). Elle pense qu'une «ultra-majorité de Français» sont «pour moins d'Europe et plus de France» et estime que la défiance s'élargit «en réalité» au-delà du résultat des européennes. Selon elle, celle-ci progresserait également «beaucoup à gauche», notamment jusqu'au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, «qui essaye de surfer dessus».
Le frontiste Ludovic de Danne, conseiller aux affaires européennes, consulte diverses formations en Europe au nom du FN. De manière bilatérale, comme ce fut le cas en mai avec le Néerlandais Geert Wilders (PVV, Parti pour la liberté aux Pays-Bas) ou le 24 janvier avec Matteo Salvini, le dirigeant de la Ligue du Nord. Marine Le Pen profite aussi de l'Alliance européenne des libertés pour tisser un réseau souverainiste. Au sein de ce parti, présidé par l'Autrichien Franz Obermayr (FPÖ), on croise le Flamand Philip Claeys (Vlaams Belang), la secrétaire générale Sharon Ellul Bonici (euroréaliste issue de la gauche souverainiste maltaise, Partido Laborista), le trésorier Kent Ekeroth (démocrate suédois), l'Autrichien Andreas Mölzer (FPÖ), l'ancien président lituanien Paksas Rolandas et le Britannique Godfrey Bloom, ancien membre de l'UKIP, ainsi que le Mouvement citoyen allemand Burger in Wut.
Le FN évoque aussi le ralliement possible d'une liste eurosceptique italienne ainsi que cinq contacts «sérieux», notamment en Roumanie et en Croatie. Marine Le Pen ne désespère pas de convaincre également l'Allemand Bernd Lucke (Alternative für Deutschland) puis des formations en Hongrie et en Grèce. Cela représente aujourd'hui une dizaine de nationalités, sachant que 25 députés et 7 nationalités sont exigés pour constituer un groupe au Parlement européen. Au sein de cette alliance de partis «eurolucides», selon l'expression de Marine Le Pen, le Front national envisage non seulement d'être majoritaire, mais d'incarner une «force centrifuge» capable de rassembler dans la dynamique d'élections européennes qu'il attend comme un temps stratégique fort de son développement.

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