par Guillaume de Rouville
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Mondialisation.ca, Le 18 juin 2012
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Depuis la chute du mur de Berlin,
l’emprise des médias atlantistes sur les opinions publiques occidentales, au
lieu de décliner en raison de la disparition de la menace communiste, s’est
développée au point de supprimer quasiment toutes les voix dissidentes des
canaux d’information non marginaux ou alternatifs. En France, pays un peu
plus rétif que ses voisins à la mainmise atlantiste, ce travaille de
nettoyage médiatique a été achevé par Nicolas Sarkozy avec l’aide de
personnalités néoconservatrices comme Christine Ockrent ou Philippe Val (legs
sur lequel le nouveau Président très atlantiste ne reviendra évidemment pas).
Il en résulte un unanimisme de
l’information dont on pourrait s’accommoder en invoquant l’imperfection des
Homo Sapiens s’il n’avait pour objectif principal de cacher des crimes de
masses dont les élites dirigeantes des démocraties occidentales se rendent
coupables avec une impunité déconcertante.
Les crimes médiatiques sont une
composante à part entière des crimes politiques plus généraux qui
ensanglantent la scène internationale où nos dirigeants déchaînent leur
volonté de puissance. Sans une complicité active des médias atlantistes avec
les élites occidentales les guerres en Irak et en Afghanistan, le dépeçage de
la Libye et la descente aux enfers de la Syrie, n’auraient pas pu être
réalisés aussi facilement.
Ainsi, il y a eu crime médiatique quand
l’Otan a décidé d’attaquer l’Afghanistan dans la foulée des attentats du
11-Septembre parce que les médias ont refusé sciemment d’interroger les
motivations de l’administration Bush dans cette guerre et de questionner la
responsabilité directe des néoconservateurs dans ces attentats.
Il y a eu crime médiatique quand les
États-Unis et leurs alliés ont envahi l’Irak en 2003 parce que les médias ont
relayé volontairement de fausses informations sur la présence d’armes de
destruction massive.
Il y a eu crime médiatique quand les
médias ont inventé la fable du bombardement de Benghazi par Kadhafi pour
envahir la Libye, quand ils ont laissé, sans broncher, les dirigeants
occidentaux, avec la caution morale de quelques intellectuels atlantistes
(dont J.B. Botul), donner le pouvoir à des milices wahhabites proches
d’Al-Qaeda et créer une guerre civile afin d’accomplir des objectifs
géostratégiques dont les peuples d’Occident et d’Orient ne verront jamais les
bénéfices (moraux ou matériels).
Il y a crime médiatique quand les médias
attribuent de manière opportune la paternité des massacres en Syrie (Houla)
au clan au pouvoir pour faire tomber un régime qui ne répond plus à leurs
objectifs dans la région ; il y a crime médiatique quand l’Occident peut,
sans que les médias ne s’en émeuvent, armer des groupes terroristes,
organiser des massacres de civils et apporter la guerre civile et religieuse
dans un pays en paix.
Il y a eu crime médiatique quand les
médias ont choisi de taire le soutien des États-Unis à un coup d’État au
Honduras en 2009 et que ce silence couvre les cris des torturés et des
suppliciés.
Il y a un crime médiatique quand les
médias passent sous silence les implications pour les libertés fondamentales
de la loi NDAA votée par l’administration Obama en décembre 2011 qui autorise
les détentions arbitraires (des citoyens américains ou étrangers) comme au
temps de l’absolutisme royal en France.
Il y a crime médiatique quand aucun
grand média ne cherche à expliquer les raisons et les dessous de la guerre
contre le terrorisme ni l’alliance des Occidentaux avec les défenseurs du
terrorisme islamique (Arabie Saoudite et Qatar).
Il y a eu crime médiatique dans tous ces
exemples parce que les médias mainstream ont délibérément
choisi de se faire les porte-parole d’une élite à la quelle ils appartiennent
ou à laquelle ils s’identifient, élite qui commet, de manière répétée, des
crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité contraires aux valeurs des
Lumières.
L’incompétence n’est pas une excuse
suffisante pour écarter la responsabilité directe des médias dans les crimes
que nous avons mentionnés (d’autant que les médias alternatifs ont offert ou
offrent des analyses précises et pertinentes sur l’ensemble de ces
événements). L’incompétence ne peut pas être, en effet, à ce point partagée,
voire unanime, tandis que la soumission volontaire à la parole officielle
peut l’être en raison du commun dénominateur qui caractérise l’ensemble des
médias qui comptent pour forger l’opinion des bourgeois cultivés :
l’idéologie atlantiste. En effet, sans une idéologie commune et puissante
capable de souder ensemble les intelligences humaines les plus diverses,
autant d’erreurs et d’approximations dans l’information ne pourraient pas
être commises de manière répétée et à propos de la plupart des événements
cruciaux.
Nul besoin ici de mentionner tous les
crimes médiatiques commis par les médias atlantistes tant la liste est longue
et presque sans fin. Nous voulions juste rappeler l’évidence suivante au
moment où le traitement médiatique du drame syrien semble atteindre en
Occident un degré d’abjection rarement égalé : la désinformation tue des
innocents.
Aux citoyens de rendre
leurs journalistes comptables de celle-ci lorsque cette désinformation est
manifestement volontaire, à défaut d’en accepter la part d’ombre pour
soi-même et de démobiliser sa conscience face à la brutalité du monde. Aux
citoyens de s’organiser pour faire tomber les tyrannies médiatiques qui
dominent les opinions publiques occidentales. Pour que cessent les crimes des
mass media.
Guillaume de Rouville
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Crimes médiatiques ou les conséquences meurtrières de la désinformation
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