Sécurité routière : Prévention ou impôt sécuritaire

Il y a 50 ans le code de la route comprenait des règles et des panneaux pour rappeler aux conducteurs les obligations, les dangers et les interdictions. En ce début du 21 ème siècle ces panneaux archaïques n’ont que très peu changé. En tous cas ils n’ont pas beaucoup profité des technologies modernes. Il en existe bien de nouveaux mais ils sont assez rares et sont le plus souvent attachés aux nouvelles structures routières voies rapides ou autoroutes.

Pour ce qui concerne les règles elles ont largement évolué en rendant les conditions de circulation de plus en plus strictes pour arriver à diminuer le nombre d’accidents mais aussi (et surtout) pour verbaliser ceux qui ne les respectent pas. On est bien loin de l’époque des fils tendus en travers de la route pour mesurer la vitesse des véhicules.
On nous parle de signalisation intelligente. On invente même ce qui existait déjà : des panneaux qui vous donnent la vitesse à laquelle vous circulez pour vous préciser si vous êtes en infraction ou non. Dans certains secteurs ces panneaux intelligents ont été supprimés car des imbéciles s’en servaient pour voir jusqu’à quelle vitesse ils arrivaient à pousser leurs véhicules. On connaît aussi les feux tricolores intelligents, ceux qui se mettent au vert quand une voiture se présente, ceux qui sont synchronisés pour obtenir qu’ils soient tous au vert lorsqu’on roule à la vitesse autorisée sur une avenue ou encore ceux qui se mettent au rouge si vous arrivez trop vite dans une agglomération. On a décidé d’en créer d’autres, ceux qui vous photographient si vous ne respectez pas le rouge ou l'orange et pour les rentabiliser on en étudie qui vont également permettre de vous flasher si vous passez au delà de la vitesse autorisée.
Puisque j’évoque les appareils de contrôle de vitesse, les « radars », ils ne sont pas tous intelligents, loin s’en faut. S ‘agit-il des appareils ou de ceux qui les mettent en place. Ils sont très souvent implantés dans des zones qui n’ont rien de dangereuses, rien d’accidentogènes, juste des secteurs où l’automobiliste relâche un peu son attention car la route est large, bien faite et dégagée.

Pour avoir un aspect pédagogique, ces radars « fixes » étaient signalés. Le 3 mai 2007 le Président de la République avait déclaré sur la radio RTL qu’il n’était pas envisagé de retirer ces panneaux de signalisation. Aujourd’hui ces paroles de « campagne » sont oubliées et on les supprime. De même, les appareils d’assistance à la conduite qui indiquaient ces zones de contrôle vont être interdits. Pourtant si l’on tient compte de ce que les radars doivent être implantés dans des secteurs dangereux il est normal que ces emplacements soient signalés aux conducteurs par les appareils en question qui alertent également en cas de dépassement de la vitesse autorisée.
A une époque lorsqu’un gendarme verbalisait pour la vitesse, on demandait de préciser dans le PV « hors le cas de dépassement ». Aujourd’hui si vous accélérez pour dépasser le véhicule qui vous précède et que vous êtes dans le viseur d’un de ces appareils, malheur à vous , personne n’en tiendra compte pas même le gendarme qui a le détecteur de vitesse entre les mains. Au niveau de la technologie il est clair que c’est « tout pour la répression » les appareils les plus sophistiqués sont mis au point pour vous prendre en défaut, vous « plumer » diront certains. Pas de droit à la moindre erreur, pas de faute d’inattention, conduisez le nez sur votre compteur (ha bon c’est dangereux ?)
Je suis assez fréquemment sur la route, même si je ne suis pas un professionnel. J’ai reçu trois PV pour dépassement de 1-1 et 2 kms de la vitesse autorisée. Je fais tout pour respecter les règles et j’ai pu constater que très rares sont ceux qui me dépassent. J’ai perdu des proches dans des accidents de la circulation, j’en connais qui resteront handicapés à vie, étant gendarme j’ai pu intervenir sur de véritables drames. Evidemment je suis pour un maximum de sécurité. Je me demande cependant, tenant compte de l’augmentation du nombre de véhicules, si nous ne sommes pas arrivés à un chiffre de tués sous lequel il sera difficile voir impossible de descendre. On nous affirme qu’une grande partie des amendes sert à financer les infrastructures routières (ce qui est invérifiable). Aujourd’hui, il serait temps d’investir dans la réhabilitation du réseau routier et d’utiliser les technologies modernes pour prévenir, éduquer et pas pour « matraquer ». De nombreux élus n’hésitent pas à dire que c’est une politique de nature à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’état et que le souci de la sécurité n’est pas le premier but de ces nouvelles mesures à caractère répressif. Personnellement j'ai réglé 180 euros.

Christian Contini. Agoravox
Christian CONTNI, né le 6 février 1947 à Passavant (70).A effectué une carrière de 35 ans en Gendarmerie terminant avec le grade de de major à la fin d'un parcours qui l'a mené des Vosges au Loir et Cher en passant par l'Orne, l'Indre et Loire, l'Eure et Loire et le Loiret. Il est président de l'Association Gendarmes et Citoyens qui a pour but d'obtenir un droit d'expression et d'association pour les gendarmes mais aussi de maintenir le lien avec les citoyens.

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