mercredi 29 septembre 2010, 21:52
27 septembre 2010 - par J.B.Morain
Dans un entretien à la revue "Les années laser", la réalisatrice de "La Rafle" dresse un parallèle entre Hitler et les spectateurs qui n'ont pas pleuré devant son film.La réalisatrice Rose Bosch a profité de la campagne de promotion du DVD de son dernier film, La Rafle, pour s’en prendre, dans les pages du mensuel Les années laser, aux spectateurs amateurs ou professionnels outrecuidants qui auraient eu l’affront de n’être pas sensibles à la majesté de son film:"On pleure pendantLa Rafle parce que… on ne peut que pleurer.
Sauf si on est un 'enfant gâté' de l’époque, sauf si on se délecte du cynisme au cinéma, sauf si on considère que les émotions humaines sont une abomination ou une faiblesse. C’est du reste ce que pensait Hitler : que les émotions sont de la sensiblerie. Il est intéressant de voir que ces pisse-froid rejoignent Hitler en esprit, non ? En tout cas, s’il y a une guerre, je n’aimerais pas être dans la même tranchée que ceux qui trouvent qu’il y a 'trop' d’émotion dansLa Rafle", déclare-t-elle avec des accents hugoliens.Ainsi va Rose Bosch: elle n’est jamais heureuse. Elle réalise un film à gros budget, avec des acteurs célèbres (Mélanie Laurent, Gad Elmaleh, Jean Reno…), produit par son mari Alain Goldman (notamment producteur des Rivières pourpres 1 et 2, deLa Môme ou de 99 francs). Pour tenter d’éviter toute critique négative, les attachés de presse du film reçoivent l’ordre d’interdire à certains journaux (dont les Inrockuptibles) de voir le film avant sa sortie, craignant sans doute que la beauté simple du chef d’œuvre de Rose Bosch ne leur échappe. Elle bénéficie d’une soirée entière de promotion en prime time sur France 2, grâce à une émission sur la rafle du Vel d’Hiv présentée par Marie Drucker, qui a aimé son film – et c’est son droit. Puis La Rafle sort et cartonne en salles: 2,8 millions de spectateurs se déplacent!Mais ça ne suffit pas. Rose Bosch ne supporte pas que tout le monde n’aime pas son film. Certains lui reprochent d’avoir forcé sur la pompe tire-larmes et sur les violons. D’autres estiment qu’un tel événement est suffisamment horrible pour qu’il ne soit pas nécessaire de le recouvrir d’une nappe de pathos, et même que cet excès de pathos peut éventuellement leur couper toute émotion. D’autres encore pensent que le sentimentalisme est contraire à toute pensée historique, ou qu’il y a une certaine indécence à transformer un événement historique tragique en spectacle à visée lacrymale.Mais à aucun moment Rose Bosch ne se demande si ces critiques ne pourraient être fondées, ou en tout cas acceptables. Non. Elle préfère s’en prendre directement à l'insensibilité de ceux qui n'ont pas apprécié son film, en les assimilant à des nazis. Ce faisant, Rose Bosch confond tout: l’insensibilité à son film avec l’insensibilité à la rafle du Vel d’Hiv. Qui peut rester insensible à la plus grandearrestation massivede Juifsréalisée enFrancependant laSeconde Guerre mondiale? Mais tout spectateur a encore le droit de ne pas aimer la façon dont Rose Bosch la met en scène et la reconstitue. La Rafle de Rose Bosch n’est pas la rafle du Vel d’Hiv - on a un peu honte d’avoir à le rappeler ici à sa réalisatrice.
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