Origine de l'article Le contrarien.com du 1 juillet 2014
« Dyllan, 10 ans à vendre 6 200 dollars à débattre, plaisantins s’abstenir, ceci est une annonce sérieuse ! »
Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Nous vivons une époque extraordinaire où tout s’achète, tout se vend, tout se loue, le tout avec de multiples paradoxes nous faisant osciller entre le rire le plus franc et la plus infinie des tristesses. Si par exemple (ce que je trouve dans l’absolue très bien, quoique vraisemblablement aussi efficace que le fut la prohibition de l’alcool aux États-Unis) en France, depuis la dernière loi portée par la Belle Kacem, la « location de vagin » (comprendre « la prostitution ») est interdite et passible d’une amende pour le coup assez salée. Néanmoins, beaucoup parmi ceux qui veulent lutter contre le plus vieux métier du monde (avec ces voleurs de banquiers) trouveraient parfaitement logique d’autoriser la location d’utérus pendant 9 mois, le temps d’une gestation pour autrui (la GPA), ce qui est nettement plus vendeur en terme lexicale (GPA) que de parler de la réalité de la chose, à savoir une location d’utérus. Ce paradoxe, pour le moment, peut encore nous faire rire.
Disons que de nombreux pays sont nettement plus en avance que nous dans le « prôôgrèèès ». Ainsi aux États-Unis, où tout est possible aussi bien de s’entre-tuer à coups de fusil de guerre en vente libre mais où la clope est pourchassée comme le crime le plus grave, la location d’utérus est déjà en vigueur tout en sachant que l’on attend avec impatience les prôôôgrèès de la science qui permettront de ne même plus avoir à « louer » un utérus naturel grâce à l’arrivée des utérus artificiels… Ha, tout de même, la science…
Bref, aux États-Unis, on peut donc avoir deux mamans ou deux papas même si généralement tout cela finit avec un avocat devant un juge pour savoir comment on partage les meubles, la bagnole, les chiens, les chats et accessoirement les gosses, mais il y a surtout un marché de l’occasion de l’enfant adopté. Ben oui quoi ! Vous n’avez pas idée du fric que coûte une adoption internationale (de 30 à 50 000 dollars), alors de vous à moi, si vous souhaitez faire une bonne affaire, attendez les soldes et achetez le gamin en deuxième main, enfin disons plutôt en troisième.
Pourquoi en troisième main ? La raison est évidente voyons, en théorie, le gosse, que nous appellerons Dyllan (autant prendre un cas concret tant que l’on y est, cela rendra l’histoire plus crédible), avait au départ des parents dits « biologiques ». Bon, a priori, cela a dû mal se passer et Dyllan son frère et ses sœurs ont été adoptés aux États-Unis (le pays où tout est possible même le pire, et de plus en plus souvent le pire). À son arrivée aux USA, il était déjà d’occasion le pauvre gamin… mais comme cela se passe mal, ou que les parents s’en sont lassés, ou qu’ils veulent changer de type d’enfant (on ne comprend pas trop leur motivation), ils décident de le revendre. Du coup, Dyllan se cherche une nouvelle famille, enfin lui, le pauvre, il ne cherche rien, d’ailleurs on peut même raisonnablement imaginer qu’il voudrait simplement qu’on lui fiche la paix, qu’on l’aime, qu’on s’occupe de lui plutôt que de lui faire faire des batteries entières d’examens psychiatriques et psychologiques pour savoir si le pauvre gosse n’est pas atteint d’un quelconque défaut de fabrication ou d’un problème génétique…
Disons que tous les tests qu’il subit c’est un peu comme le contrôle technique pour une bagnole d’occasion ou encore les diagnostics obligatoires pour une vente immobilière.
Dyllan va plutôt bien (ce qui est déjà miraculeux en soi, compte tenu de la situation) malgré le fait que ses deux frères et sa sœur aient été placés en institution pour comportement « pauvre », comprenez sans doute un peu en retard (sans blague, un enfant ne peut pas se développer sans amour et les gènes n’y sont pour rien là-dedans).
A priori, le petit Dyllan est toujours à la maison puisque ses parents (les Américains qui l’on acheté et qui vont faire une sacrée moins-value) habitent une zone rurale très reculée, Dylan ne peut donc pas aller à l’école… C’est sûr que cela va beaucoup l’aider à se socialiser et à trouver un équilibre et à se construire progressivement dans sa nouvelle vie et ses « parents » en sont arrivés à la conclusion que c’est le problème, qu’il lui faut aller à l’école. Du coup, il faut le revendre… il ne viendrait pas à l’esprit de ces gens de déménager par amour pour leur enfant… c’est bien plus simple de le vendre.
Avant d’acheter Dyllan 10 ans, voici le résumé de son dossier médical (vous pourriez faire une mauvais affaire, soyez prudent hein…)
« Dyllan vient de terminer un examen neuropsychologique complet avec une panoplie complète de tests.
Ses résultats ont été la plupart du temps conformes à son âge.
Bien que rien n’a été observé sur l’ETCAF (c’est le nom donné aux batteries de test psychiatriques aux USA), Dyllan est originaire d’Europe de l’Est où l’alcoolisme est élevé, il ne peut être exclu que cela engendre des problèmes.
Les tests indiquent qu’il ne semble pas déprimé, mais fait preuve de beaucoup d’anxiété liée à la façon dont les autres le perçoivent… »
Voilà pour l’essentiel, si jamais vous voulez acheter Dyllan, vous avez en lien le site Web qui le met en vente, si votre compte PayPal est alimenté vous devriez pouvoir prochainement l’acheter en ligne et UPS vous le livrera en 48 heures à domicile, et sur ce lien vous aurez le profil complet de Dyllan ainsi que sa photo.
Disons que Dyllan semble aller plutôt bien et qu’il est anxieux… Vous savez, pour un enfant abandonné, adopté, puis remis en vente sur un site Web, être anxieux c’est assez normal. Bon, pour les Américains, s’il est anxieux c’est à cause du regard des autres, alors je ne suis pas psychiatre, mais je peux vous assurer avec une certitude absolue que le problème de Dyllan ce n’est pas le regard des autres, de toute façon il ne va même pas à l’école, alors les « zautres » il ne doit pas les croiser souvent.
Faisons ensemble preuve d’empathie, souvenons-nous de nos sentiments d’enfants, de nos peurs de gosses, de nos cauchemars et de nos craintes, souvenez-vous de vos fragilités de gamins. Bien, ensuite imaginez que vous ayez été abandonné, imaginez que votre fratrie ait été disloquée, imaginez que l’on vous change de pays, imaginez que vous arriviez dans une famille et que finalement on vous dise que l’on ne veut plus de vous, imaginez que vous n’ayez que 10 ans… je pense qu’éprouver un peu d’anxiété est sans doute assez normal. Dites à un cheminot qu’il va devoir bosser un peu plus ou prendre sa retraite un poil plus tard et je vous assure qu’ils sont des milliers à être anxieux… alors imaginez Dyllan… Enfin, je rajouterais que subir les examens des abrutis en blouse blanche, pétris de certitudes, persuadés de comprendre intimement ce qu’ils n’ont jamais vécu et dont ils n’ont pas la moindre idée et qui croient dur comme fer en des tests aussi efficaces pour comprendre la nature humaine, sa complexité et son évolutivité que le doigt mouillé de ma grand-mère et mon pifomètre hérité du grand-père.
Pourquoi j’insiste là-dessus ? Parce ce que les rapports marchands nous font oublier la dimension la plus importante, la plus absolue, la plus indispensable, la plus nécessaire pour tout enfant et en réalité pour tout être humain… l’amour. Sans amour nous ne sommes rien.
Vous payez trop d’impôts ? Achetez un gosse, la nouvelle solution de défiscalisation clef en main !!
L’achat de Dyllan est déductible de vos impôts… Oui, c’est génial hein ? Mieux qu’un Scellier ou un programme immobilier moisi en De Robien, déduisez l’achat de votre gosse de vos impôts !! Comme le dit le site : « Cette adoption est admissible au crédit d’impôt pour adoption… » Ça, pour une bonne nouvelle, c’est une bonne nouvelle.
Le totalitarisme marchand
Je dénonce le système totalitaire marchand dans lequel nos sociétés sont en train de perdre toute humanité. Non, tout ne peut pas se vendre ni s’acheter et nous devons préserver des pans entiers des griffes crochues du grand méchant capital. N’y voyez-là aucun accès de communisme primaire mais du simple bon sens.
Il n’est pas acceptable de rendre le corps marchand des femmes et de trouver cela bien et convenable quand bien même cela ferait plaisir au lobby des LGBT. Ce combat ne doit pas être celui des catholiques, de la droite « rance », des fachos et autres (je caricature les discours des « progressistes »), non, ce doit être le combat de toute une société unie et non divisée.
On ne peut pas, quelles que soient vos convictions religieuses ou votre absence de convictions, accoler les termes « progrès » et « ventes d’enfants ». Il s’agit-là d’une impossibilité morale encore une fois de bon sens.
On doit prendre conscience qu’un enfant n’est pas un jouet, et encore moins un animal de compagnie, savoir qu’un enfant adopté est un enfant par définition traumatisé et que seule une dose infinie d’amour gratuit permettra à cet enfant de cicatriser ses plaies, de grandir, de se construire et, bien longtemps après, de s’épanouir.
Je vais choquer sans doute quelques bonnes âmes, mais ce qu’il se passe aux États-Unis avec les parents adoptifs incapables de gérer un enfant adopté se passe en France avec les chiens et les chats que l’on abandonne l’été sur le bord des routes parce que finalement, c’est compliqué d’avoir un animal. Eh bien dans ce cas, il ne fallait pas avoir d’animal. C’est exactement la même chose pour les enfants.
On n’achète pas un enfant comme un i-Pad parce que l’on en a envie. Et cette règle est valable aussi bien pour les hétéros, que les homos, que les trans et autres catégories sexuelles en devenir… On adopte un enfant dans le cadre d’un acte d’amour et d’un « sacrifice » auquel on s’est préparé et pour lequel on est prêt.
Un enfant n’a pas de date de péremption, il n’y a personne pour le « garantir », il n’y a pas de service après-vente.
Alors à tous ceux qui pensent que ceux qui pensent que l’adoption est un sujet très délicat à manier avec une infinie précaution sont des rétrogrades de droite, catho et coincés, je dirais simplement qu’une société qui accepte de » marchandiser » y compris ce qu’il y a de plus sacré et de plus innocent comme un enfant est une société qui ne connaîtra plus aucun tabou ni aucune limite.
Si l’on accepte de vendre des utérus ou des gosses, alors pourquoi avoir un salaire minimum ? Pourquoi avoir des droits sociaux ? Pourquoi avoir des normes ? Pourquoi l’air que vous respirez devrait-il être gratuit ? Pourquoi soigner et payer pour un vieux ?
« Marchandiser » l’enfance, c’est franchir la dernière limite et entrer officiellement dans le totalitarisme marchand, et croyez-moi, un jour, nous nous dirons tous, mais qu’avons-nous fait. Ce jour-là, il sera trop tard.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes ».
Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
Pour acheter Dylan et consulter l’annonce de vente et celles de tous les autres gosses à acheter à tous les prix, c’est ici : http://www.wiaa.org/secondchance.htm
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