L’ÉCONOMIE, EST-CE COMPLIQUÉE ?
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Le crédit c’est de l’argent
Vous pensez que l’économie est une science compliquée et qu’il faut être un banquier pour s’y frotter. La preuve, c’est qu’il y a des tas d’analystes à la télé, à la radio, dans les journaux, qui expliquent ce qui se passe à la bourse, à la banque, avec la monnaie (euro et dollar), qui justifie l’inflation (qui serait jugulée !), qui commentent les emprunts gouvernementaux et la dette souveraine, et nous menace de récession. Ce qui est le plus compliqué pour ces affidés c’est de ne rien révéler d’important tout en parlant amplement (1).
Prenons les notions de banque, de crédit, d’argent et de capital autour desquelles les économistes bourgeois créent une grande opacité. Pour vous et moi une banque c’est une carte bancaire, un chéquier, une carte de crédit, une hypothèque et puis (?) rien d’autre. Où se trouve votre argent en ce moment ? Où est votre salaire ? Qui détient votre crédit, votre hypothèque ? Votre banquier dans les voutes de sa banque ? Rien n’est moins certain. Une hypothèque est-ce de l’argent comptant ? Une carte de crédit est-ce de la monnaie ?
Eh bien oui, une carte de crédit c’est comme de la monnaie. Quand vous utilisez votre carte de crédit, vous demandez à votre banque d’émettre de la monnaie pour payer ce que vous achetez aux commerçants qui lui-même dépose votre argent à la banque qui ne lui verse aucun intérêt sur ses dépôts, ou presque, mais encaisse les intérêts sur les prêts. Même chose pour votre hypothèque, votre marge de crédit bancaire et votre emprunt automobile, toute ces formes de crédit, c’est de l’argent, sans être du Capital cependant, mais pouvant le devenir éventuellement.
Du Capital
Votre argent (crédit, hypothèque, emprunt, salaire déposé directement dans votre compte, allocation reçue de l’État) deviendra du Capital à deux conditions :
1- D’être mis en circulation via vos achats – ce qui est déjà le cas en ce qui concerne votre dette personnelle, votre hypothèque et votre emprunt automobile – vos versements mensuels faisant foi de la circulation de cet argent.
2- Que votre argent en circulation dans l’économie soit investi dans une entreprise qui fera produire de la plus-value. Si l’investissement d’argent ne sert qu’à faire circuler l’argent spéculatif, cela ne constitue pas du capital productif, mais du capital spéculatif qui ne peut servir, pour l’investisseur-spéculateur, qu’à tenter d’accaparer une plus grande portion de l’argent en circulation au détriment de ses concurrents.
Un exemple sera ici utile. Lorsqu’en 2007, les banquiers mettaient sur le marché boursier des papiers «acidifiés» – des paquets de créances, hypothèques, emprunts – titrisés, accompagnés de la promesse de verser de forts dividendes à l’acheteur impudent et imprudent, ces banques attiraient à elles de l’argent – c’est-à-dire une portion des profits financiers en circulation dans l’économie anarchique, jusqu’à ce que la bulle spéculative éclate et que les cours s’effondrent.
Tous auront compris que si la Banque ABC, vend la créance d’Olivier Le salarié, au spéculateur boursier La frime XYZ, cette transaction ne crée aucun travail – ne produit aucune valeur salariale – ne génère aucune plus-value. Alors d’où viennent les intérêts sur prêt que la Banque ABC devra verser au spéculateur boursier, ici La frime XYZ ? Ils proviennent du salaire d’Olivier Le salarié qui a gagé son salaire sur son hypothèque (notamment).
Il est facile de comprendre que pour être profitable cette transaction financière nécessite deux conditions :
À) la première, qu’Olivier conserve son emploi – et son revenu, quel qu’en soit la provenance – et la seconde;
B) que les intérêts hypothécaires payés par Olivier augmentent sans cesse, car si monsieur Le salarié paie toujours des intérêts identiques, il n’y aura jamais augmentation de l’argent en circulation à se partager entre les créanciers (banques et spéculateurs) et toute l’opération d’arnaque boursière aura été inutile.
Appliquons ces concepts à l’analyse de la crise économique systémique de 2008. La crise économique fut déclenchée par la combinaison de deux facteurs incontournables : i) d’une part, de très nombreux salariés étatsuniens, comme Olivier Le salarié, perdirent leurs emplois et; ii) les taux d’intérêt augmentèrent jusqu’au point que les salariés emprunteurs, même ceux ayant conservé leur emploi, ne parvenaient plus à rembourser leur hypothèque.
Un paradoxe économique capitaliste
Voici un paradoxe que les économistes patentés ne doivent jamais vous expliquer. Nous avons révélé précédemment que pour que l’opération pyramidale de titrisation d’actifs bancaires sulfureux soit profitable, cela requérait que les taux d’intérêt sur les prêts augmentent sans cesse sinon comment accaparer plus de profits bancaires (portion de la plus-value globale) pour son clan au détriment de ses concurrents? Hors, si les taux d’intérêt augmentent un très grand nombre de salariés deviennent incapables de rembourser leurs emprunts surévalués et ils font défaut de paiement, sont saisis et expulsés de leurs foyers (des millions de ménages aux États-Unis entre 208 et 2012, même drame prolétarien en Espagne présentement), expulsions qui ne procure cependant aucun bénéfice aux banquiers ni aux spéculateurs boursiers floués.
De la circulation de l’argent au Capital financier
Chacun doit comprendre que la raison d’existence de la Banque ABC n’est pas de rendre des services financiers à Olivier Le salarié (ce n’est que le prétexte pour ces activités bancaires). La Banque ABC retient et emmagasine son argent, son crédit, son hypothèque, son salaire, avant même qu’Olivier ne l’encaisse, et surtout, elle fait circuler son argent réel et virtuel (pas encore gagné ni empoché). Faire «circuler» l’argent signifie que la Banque ABC joue à la bourse sur les marchés mondiaux avec l’argent, le crédit d’Olivier et celui de ses camarades salariés. La banque spécule sur le prix du grain canadien et ukrainien, sur le coton égyptien, sur l’or et le diamant sud-africain, sur les actions de Renault et de Bombardier, d’Airbus, de Boeing et de Facebook.
Faire «circuler» l’argent cela signifie, pour le Banquier ABC, de faire du pognon avec l’argent d’Olivier, sans travailler 8 heures à l’usine c’est assuré. Mais cette circulation de l’argent, d’un portefeuille d’actions à un autre, d’un fonds de placement à un autre, ne produit aucune richesse, aucune marchandise, aucune valeur réelle, aucun bien immobilier, aucun produit mobilier, ni aucune valeur. Alors comment se fait-il que le banquier utilisant 10 milliards de dollars que lui ont confiés nombre d’Oliviers salariés, l’ait placé en actions Facebook et que le lendemain matin la Banque ABC se retrouve actionnaire de 12 milliards de dollars de valeurs Facebook ? Y a-t-il eu production de valeur – de richesse – de patrimoine – de Capital chez Facebook pour deux milliards $ pendant la nuit ? Évidemment non ! La société Facebook ne produit aucune richesse aucune-marchandise tangible. La firme Facebook maintien en fonction un système (en location), de moyens de communication informatiques sur Internet permettant à vos enfants de s’expédier des images et des messages sympathiques (le plus souvent) et elle espère qu’on lui achètera de la publicité et des services informatiques.
Les deux milliards de renchérissements des actifs de la firme Facebook constituent une émission de monnaie spéculative, inflationniste, frauduleuse en terme moral, mais légal en terme juridique sous le système d’économie politique capitaliste. Ces deux milliards $ de crédits constituent une anticipation sur la capacité de la firme Facebook d’attirer vers elle, comme dans une pyramide de Ponzi, d’autres banquiers-financiers-boursicoteurs- spéculateurs qui viendront tenter leur chance au Loto boursier où rien ne se crée, rien ne se perd, mais où tout se transforme en argent spéculatif et inflationniste, mais cet argent n’est souvent que du vent comme nous l’expliquons au paragraphe suivant.
Nous venons d’observer que l’argent, le salaire réel et même virtuel-anticipé, d’Olivier Le salarié, est transformé en actions bidon, en argent virtuel spéculatif inflationniste. Mais un jour un gros banquier investisseur et quelques-uns de ses amis membres du sérail capitaliste, décideront d’encaisser leur «profit», c’est-à-dire de vendre leurs actions Facebook alors que le prix est gonflé – soufflé – arnaqué, ces initiés empocheront ainsi leur pognon. Si votre banquier ne fait pas partie des sélects magouilleurs de premier rang qui ont repris leur mise – il perdra tout, ses actifs Facebook acheté 10 milliards de dollars et gonflé instantanément jusqu’à 12 milliards ne vaudront plus que 100 millions de dollars ou moins. La société canadienne Nortel vendait ses actions 124 $ en 2000 et seulement 000,47 $ en 2002. Sa capitalisation totale à la bourse de Toronto qui se chiffrait à 398 milliards $ en 2000 ne valait plus que 5 milliards $ en 2002 (2).
La fausse monnaie «inventée et éventée» se sera volatilisée. Rien ne se perd, rien ne crée, tout se transforme en argent ou en dépôts de bilan ! L’illusion devient «actions» puis redevient illusion, voilà la transformation banquière-boursière des actions-spéculations. Les salariés chypriotes ont vécu la résultante de cette manigance bancaire boursière un matin de mars 2012, leur banque était fermée et leur argent séquestré. Quelques semaines plus tard, ils apprenaient que 40% de leurs économies avaient été expropriées par leurs banquiers et ne leur seraient jamais remboursés, sans compter que l’État chypriote européen aura dû verser des milliards d’euros aux banquiers floués par leurs camarades chacals des banques et de leurs alliés.
(1) Les économistes à la solde publient de grosses briques de 650 pages comme ce monsieur Piketty – superstar de l’économie capitaliste –, mais incapable de régler le moindre problème du système : http://plus.lapresse.ca/screens/4ee1-9d6c-535a8662-bd65-329aac1c606d%7C_0.html
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Nortel#P.C3.A9riode_ant.C3.A9rieure_.282000-2005.29_:_un_groupe_dans_la_tourmente
Auteur Robert Bibeau
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