Nous parlions il y a deux semaines de la première application en Europe de la directive
permettant la ponction des comptes bancaires, la « directive sur le
redressement et la résolution des crises bancaires » (BRRD pour Bank
Recovery and Resolution Directive). L’Autriche l’a mise en application
pour Hypo Alpe Adria : après l’avoir nationalisée en 2009 et renfloué de
5,5 milliards d’euros, Vienne a décidé d’arrêter les frais en mettant
la banque en liquidation. Mais cela se traduit par une perte sèche de
7,6 milliards d’euros pour les créanciers et, déjà, l’un d’entre eux a
fait faillite : la banque allemande Düsseldorfer Hypotherkenbank, connue
sous le nom de Düsselhyp.
Cette petite banque était très active sur le marché des Pfandbriefe
(des obligations sécurisées très répandues en Allemagne), qui pèse 400
milliards d’euros. Pour éviter tout risque de déstabilisation,
l’Association des banques privées (BdB) a décidé de prendre le contrôle
de l’établissement en difficulté, via son fonds de sécurité des dépôts.
L’incendie semble éteint, au moins pour le moment, mais notons juste en
passant que le fonds de sécurité des dépôts a été sollicité alors que
cette banque ne détient pas de comptes de particuliers… Ca sent la
panique !
Autre alerte dans le petit et discret pays d’Andorre : le Trésor
américain a ouvert une enquête contre la Banque privée d’Andorre (BPA)
accusée de blanchiment, avec la menace de ne plus pouvoir effectuer
d’opérations aux Etats-Unis sous 60 jours. Aussitôt l’autorité
régulatrice bancaire d’Andorre annonçait qu’elle prenait le contrôle de
la BPA. Dans la foulée, on apprenait que sa filiale à 100%, la Banco
Madrid, déposait son bilan ! Cette banque privée gère 6 milliards
d’euros d’actifs et compte 15.000 clients en Espagne, privés et
institutionnels, ayant au moins 500.000 euros sur leur compte… A priori
tout est perdu pour eux, une catastrophe.
BPA a un bilan de 3,1 milliards d’euros, soit presque le PIB
d’Andorre (3,5 milliards). Le secteur bancaire représente globalement 6
fois le PIB du petit pays des Pyrénées. Difficulté supplémentaire :
Andorre utilise l’euro… mais ne fait pas partie de la zone euro et ne
peut donc pas compter sur la BCE et ses facilités de financement. Seul
le budget de l’Etat andorran peut secourir les banques, autrement dit la
faillite bancaire et étatique menace, avec les répercussions qui vont
avec. Mais gageons que François Hollande, coprince d’Andorre on le
rappelle, saura trouver une solution.
Enfin les banques grecques, elles, font de la cavalerie au bord du
précipice : l’Etat se finance à en émettant des bons du Trésor à court
terme, que les banques rachètent (elles n’ont pas le choix), et elles
sont pour cela financées par le « mécanisme de fourniture de liquidité
d’urgence » (ELA pour Emergency liquidity assistance) de la BCE. La
Banque centrale européenne a ainsi plus de 60 milliards d’euros
d’engagements envers ces banques de facto insolvables. Les déposants
retirent leurs économies à grande vitesse, ils anticipent, eux,
clairement la faillite. La chute est peut être pour bientôt, à moins que
l’Europe refasse un énième plan de sauvetage…
Notons le silence des grands médias sur ces faillites bancaires en
Autriche, Allemagne, Andorre, Espagne (avec à chaque fois un risque de
contagion) et peut être en Grèce, mais c’est vrai, surtout n’effrayons
pas l’épargnant européen !
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