Dans la police, c’est la saison des médailles. Dérèglement climatique ?

Frédéric Ploquin | Vendredi 13 Janvier 2012

Pas de saison sèche dans la police : les médailles pleuvent. Campagne électorale oblige ?

Les policiers réclamaient des médailles, histoire de ne plus être à la traine de leurs collègues gendarmes, très gâtés en matière de décorations. Avec Claude Guéant Place Beauvau, ils sont comblés au-delà de toute espérance. Les médailles du mérite pleuvent sur les troupes, encore 7 d’un coup remise par le ministre lors de l’inauguration du commissariat de Clichy-Sous-Bois, le 9 janvier. Au point que certains commencent à se demander si cette « médaillite » n’a pas un petit arrière goût électoral. Quoi de mieux, en effet, que des décorations pour calmer les esprits à l’approche de la présidentielle, dans un contexte où certains fonctionnaires, notamment à Marseille, seraient prêts à défiler dans la rue pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail ? 

La médaille est cependant à un objet double tranchant –d’aucun diront qu’elle a son revers. La promotion au grade de chevalier de la légion d’honneur de Jean-Claude Delage, secrétaire général d’Alliance, la deuxième force syndicale, fait ainsi grincer quelques dents. Les fonctionnaires issus du corps des gradés et gardiens (autrement dit la base policière) promus dans l’ordre national de la légion d’honneur ne le sont-ils pas le plus souvent à titre posthume ? Les leaders syndicaux doivent-ils accepter de telles récompenses pendant l’exercice de leur mandat ? Fallait-il une telle médaille pour s’assurer jusqu’à l’élection de la fidélité d’une organisation qui a parfois pris ses distances avec la politique gouvernementale ? Le secrétaire général de l’organisation majoritaire, Unité SGP Police, Nicolas Comte, a pris sa plume pour dire ce qu’il pensait de cette décoration à Frédéric Péchenard, directeur général de la police : « Le travail des fonctionnaires de terrain est à juste titre souligné dans de nombreux discours officiels, il serait donc logique que cette reconnaissance s’exprime aussi par une admission dans l’Ordre en nombre plus important… » Une façon de rappeler que ces distinctions sont habituellement réservées aux honorables membres de la catégorie A, celle des patrons.