La traduction du jour avec un éclairage différent des médias main stream, sur ce qui se passe actuellement au Brésil...
Dilma Rousseff
Un coup d'État non violent pour destituer un président démocratiquement élu, et installer un des politiciens les plus corrompus – qui, d’une façon qui ne doit rien au hasard – se trouvent être préférés par l'establishment politique américain – est actuellement en cours au Brésil. Comme l'attention du public est au niveau zéro et qu’il est focalisé sur les préparations pour le déploiement des troupes en Syrie, le gouvernement des États-Unis a été en mesure de prêter tranquillement son approbation au mouvement dévié et sans fondement visant à évincer le président brésilien Dilma Rousseff.
En effet, à travers la controverse sur le fait de quintupler les troupes terrestres américaines en Syrie – en dépit des vœux de l'administration Obama, qui a dit au moins
16 fois qu’il n’y aurait « pas de bottes sur le terrain » – ce qui constitue, certes un débat valable et pertinent, mais qui ne peut pas être autorisé à masquer ce qui se passe au Brésil.
Pour comprendre l'importance du tumulte en cours, il vous suffit de regarder ce qui a de l’importance, à la foi pour le Brésil et pour les élites politiques américaines – et ce ne sont clairement pas les 54 millions de personnes qui ont réélu la première femme présidente du Brésil, il y a seulement 18 mois.
En fait, le département d'État américain a affirmé publiquement son soutien à l'
usurpation du pouvoir par le centre droit social du parti démocrate du Brésil (PDSB) – peut-être – parce que, comme cela a été
suggéré par beaucoup, les empreintes digitales des États-Unis sont dans le coup. Quelle meilleure façon de contrecarrer les transactions réussies du Brésil avec la Russie et la Chine, dans le cadre de l'alliance économique BRICS, que d'insérer un leader oligarchique, dont le parti favorise fortement les intérêts américains.
Premièrement, il est nécessaire de revoir la mécanique du coup d'État, ainsi que la controverse entourant les personnes impliquées.
La Chambre basse du Congrès du Brésil a voté le 17 avril pour destituer Rousseff sur la base de sa complicité présumée dans une affaire (quoique) relativement mineure de corruption. Mais le véritable élan pour le retrait de Rousseff, contrairement à la narration défendue par les médias main stream du Brésil, est d’une transparence
évidente quand on regarde ceux qui la réclament – et celui qu’il souhaite pour la remplacer.
Bruno Araújo, un membre du Congrès qui a été impliqué comme pouvant avoir reçu des fonds d'un géant de la construction, impliqué dans un scandale de corruption, a contribué à faire pencher le vote de mise en accusation plutôt ce mois-ci. Araújo, comme
l’arapporté l’
Intercept, appartient au même parti PDSB qui a perdu quatre élections consécutives face au Parti des travailleurs de Rousseff (PT).
« La chose la plus importante pour comprendre la véritable nature anti-démocratique de ce qui se passe »
explique Glenn Greenwald de l'
Intercept, c'« est de regarder la personne que les oligarques brésiliens et leurs organes de presse tentent d'installer en tant que président : le vice-président Michael Temern qui est l’incarnation de la contamination par la corruption au service des oligarques, et qui est surtout profondément impopulaire. »
Pour toute l’attention négative placée sur Rousseff, l'image impopulaire et les relations fourbes de Temern sont pires, et pourraient être dignes de ses propres procédures de mise en accusation. Et il n’est pas le seul.
« Au total, 60 pour cent des 594 membres du Congrès du Brésil font face à des accusations graves comme de la corruption, de la fraude électorale, de la déforestation illégale, des enlèvements et homicides », comme
le rapporte le New York Times qui a cité les chiens de garde de la corruption, Transparency Brésil.
Mais le PDSB cherche à contourner ce détail (pas vraiment mineur) par la destitution de Rouseff – qui, en cas de succès, mettrait automatiquement Temer au pouvoir – à la grande satisfaction du gouvernement des États-Unis.
A savoir, une autre figure importante fait pression pour le retrait de Rousseff, le sénateur Aloysio Nunes, qui a voyagé à Washington DC, le jour après le vote de destitution pour
consulter le troisième plus puissant fonctionnaire du Département d'État, Thomas Shannon, dans une réunion à huis clos.
En tant que co-directeur du Centre pour la recherche économique et politique, Mark Weisbrot, a expliqué dans un
article pour le
Huffington Post, que Shannon n’avait aucune obligation de rencontrer Nunes – mais ce faisant il envoyait un message clair d'
au moinsl'acceptation tacite de la procédure de destitution par la Maison-Blanche.
Le soutien américain au coup d'État actuel fait écho à celui du coup d’État précédent au Brésil, en 1964 – une usurpation violente du pouvoir par un dictateur proche des États-Unis, au cours de laquelle Dilma Rousseff, elle-même, est devenue une victime de
torture physique.
Mais peut-être l'indication la plus révélatrice du soutien américain à la destitution de Rousseff peut être trouvée dans le détail du récent voyage de Nunes à Washington. Où, comme l’explique l’Intercept dans un
entretienavec Andrew Fishman dans
Democracy Now, Nunes a été invité à un déjeuner privé lancé par l'Albright Stonebridge Group – une société cofondée par l'ancien PDG de Kellogg et Madeleine Albright, ancienne secrétaire d'État sous Bill Clinton.
« Un des principaux conseillers affilié à l'Albright Stonebridge Group », Fishman, qui se trouve au Brésil, a noté, qu’il « est le leader d'une organisation qui est très impliquée ici dans la poussée contre le gouvernement Dilma. »
Il a ajouté qu’« alors que le gouvernement américain n'a pris aucune position officielle » sur la destitution imminente de Rousseff, « leur position semble assez évidente ainsi que le côté qu’ils soutiennent ou soutiendraient ».
Traduction : folamour
Corrections : chalouette
Informations complémentaires :