La Genèse selon Dominique DORD
Une nouvelle œuvre créationniste. Sans citer une seule fois le Président de la République, le député de Savoie a fait un bilan désastreux de la première année du quinquennat. Verbatim.
Il y a parfois des petits moments de saveur gratuits à l’Assemblée Nationale. Cela s’est passé ce mardi 28 mai 2013 au cours de la traditionnelle séance des questions au gouvernement.
Le député-maire UMP d’Aix-les-Bains, Dominique Dord (53 ans) a en effet fait une sortie tout à fait surprenante non sans fierté. Sans note mais à l’effet visiblement préparé, cet ancien expert en communication n’a en fait posé aucune question mais s’est amusé à pasticher la Bible, au risque de repousser son électorat chrétien, relativement important en Savoie.
Dominique Dord fut un ancien UDF-PR proche d’Alain Madelin et a commencé la politique assez tôt (il y a près de trente ans) aux côtés de Michel Barnier, ancien ministre et actuel commissaire européen, qui fut député-maire d’Albertville et aussi président du conseil général de Savoie. Conseiller régional de Rhône-Alpes en 1992, Dominique Dord a raté la mairie de Chambéry en juin 1995 face à l’ancien ministre socialiste Louis Besson à cause de la présence au second tour d’une liste du FN . Il a réussi néanmoins à se faire élire deux ans plus tard député (à 37 ans), puis maire d’Aix-les-Bains en mars 2001.
Après avoir renoncé à postuler à la présidence de l’UMP en novembre dernier (par manque de parrainages), Dominique Dord s’est positionné en faveur de l’ancien Premier Ministre François Fillon . Désigné trésorier de l’UMP le 30 août 2010 en remplacement du ministre Éric Woerth, il a démissionné avec retentissement de son poste juste après l’élection controversée du président de l’UMP du 18 novembre 2012, pour contester l’instrumentalisation de l’appareil interne en faveur de Jean-François Copé . Depuis le 3 février 2013, il est désormais secrétaire général adjoint de l’UMP dans une direction pléthorique et paritaire après la réconciliation des deux camps.
C’est clair que la tirade qu’a prononcée Dominique Dord devant ses collègues parlementaires et les membres du gouvernement n’a rien de constructif et s’expose plus dans le cadre potache de blagues de classe que de contribution décisive au débat public. Cette séance très suivie est souvent l’occasion pour des députés de base d’en rajouter dans la polémique, même pour des sujets plutôt consensuels, c’est la condition pour être bien vu de ses électeurs dans sa circonscription, en clivant artificiellement.
Dominique Dord n’a donc pas dérogé à la règle, et contrairement à d’autres, il l’a fait avec brio.
Voici sa tirade dans son intégralité :
« Le premier jour, il est allé voir madame Merkel. Il lui a dit : "Madame Merkozy, je veux renégocier votre traité". Elle lui a dit : "Nein !". Alors, il a dit : "Au diable les Allemands , ces conservateurs égoïstes !". Et vous avez ratifié le traité .
Le deuxième jour, il a voulu casser tout ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy . Finies, les heures supplémentaires pour 8 millions d’ouvriers et d’employés ! Il a dit : "Au diable, le pouvoir d’achat des classes moyennes !"
Le troisième jour, il a levé 30 milliards d’impôts. Tous les riches ont quitté le pays et il a dit : "Au diable les riches ! Qu’ils aillent dépenser leur argent en Angleterre !"
Le quatrième jour, il s’est fait plaisir. Il a levé 7 milliards de dépenses, en créant, par exemple, 60 000 postes dans l’éducation. Il a dit : "Je refuse de céder au diktat des 3% ! Nous serons à 3,6% !". On apprend aujourd’hui qu’il est à 3,9%. Il a dit : "Vive les déficits et vive les marchés financiers !"
Le cinquième jour, il a récompensé madame Royal : il a fait d’elle une banquière, parce qu’elle le vaut bien ! Et il a dit : "Au diable la République irréprochable !"
Le sixième jour, il a envoyé la police contre les familles qui tentaient de s’accrocher au peu de repères qu’elles avaient encore. Et il a dit : "Au diable les familles, les religions, les conservateurs et les rétrogrades ! Vive le progrès ! Vive les LGBT !"
Enfin, le dernier jour, comme le veut la tradition, il s’est reposé. Il est monté sur le mont Corrèze avec Valérie pour contempler son œuvre, et là, il a vu une France en ruine, des Français sans un sou, sans espérance, sans avenir, sans fraternité. Et il a eu cette phrase historique, il a dit : "Je sais que je tiens le bon cap". Alors, il est revenu à Paris en train, comme il l’avait promis ! »
À chaque phrase, quelques parlementaires de la majorité et quelques ministres montraient leur indignation plus que leur sens de l’humour et à la fin de cette "question" (sans point d’interrogation), le Président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone s’est cru obligé de rappeler qu’on ne devait pas évoquer ainsi le Président de la République dans cette enceinte, en ces termes : « Monsieur Dord, je vous rappelle qu’il est de tradition, dans notre hémicycle, de ne pas mettre en cause le Président de la République. Cette tradition a toujours été appliquée, notamment par mon prédécesseur. ».
Un peu plus tard, le député UMP Yves Albarello venait à la rescousse de son collègue savoyard en rappelant, avant de poser sa question, ceci : « Monsieur le Président, je voudrais d’abord rappeler de façon dépassionnée que, tout au long du précédent mandat présidentiel, les membres de l’actuelle majorité n’ont eu de cesse de salir la personne de Nicolas Sarkozy ! ». Cela fait un peu "cour de récréation" (du genre "c’est celui qui le dit qui l’est").
Cela dit, Dominique Dord a quand même reçu une réponse à sa non question, prononcée par le Ministre de l’Économie et des Finances Pierre Moscovici :
« Monsieur le député, la vraie réponse vient d’être apportée par le Président de l’Assemblée Nationale.
Il ne s’agissait d’ailleurs pas d’une question, mais d’une simple parabole, d’une fable totalement polémique, comportant en outre des aspects personnels totalement indignes d’un membre de cette assemblée ! Peut-être êtes-vous tout à coup envahi par l’enthousiasme d’avoir appris à manifester, ce que vous ne saviez pas faire ! Puis vous êtes entré dans une espèce d’exubérance irrationnelle qui vous conduit à toutes les exagérations, à toutes les piques et à toutes les insultes. Ce que vous dites, en réalité, n’a aucun sens, si ce n’est peut-être que ce chemin des sept jours, c’est celui que vous avez parcouru au cours des cinq années précédentes !
Les Français vous ont mis au repos, compte tenu de l’échec retentissant de votre politique sur les déficits, le chômage, la dette, l’emploi, l’industrie et la compétitivité.
Votre question ne mérite pas d’autre réponse, si ce n’est pour dire que ce gouvernement, sous l’impulsion du Président, travaille à redresser un pays… que vous avez laissé dégradé, affaibli et divisé. Il travaille à relancer la compétitivité et l’emploi et, s’agissant de l’Europe, il travaille à redonner un sens à la construction européenne .
Monsieur Dord, la conclusion vous appartient : puisque vous êtes au septième jour, reposez-vous, car vous en avez besoin ! »
Comme on le voit, Pierre Moscovici n’a pas montré un sens particulièrement aigu de l’humour. Bien entendu, Dominique Dord n’avait rien dit de constructif, ai-je rappelé au début de ce verbatim, mais son interlocuteur du gouvernement non plus. Il n’est pas forcément stupide de s’amuser un peu entre deux épisodes de tension dans les débats parlementaires, non ?
« Monsieur le député, la vraie réponse vient d’être apportée par le Président de l’Assemblée Nationale.
Il ne s’agissait d’ailleurs pas d’une question, mais d’une simple parabole, d’une fable totalement polémique, comportant en outre des aspects personnels totalement indignes d’un membre de cette assemblée ! Peut-être êtes-vous tout à coup envahi par l’enthousiasme d’avoir appris à manifester, ce que vous ne saviez pas faire ! Puis vous êtes entré dans une espèce d’exubérance irrationnelle qui vous conduit à toutes les exagérations, à toutes les piques et à toutes les insultes. Ce que vous dites, en réalité, n’a aucun sens, si ce n’est peut-être que ce chemin des sept jours, c’est celui que vous avez parcouru au cours des cinq années précédentes !
Les Français vous ont mis au repos, compte tenu de l’échec retentissant de votre politique sur les déficits, le chômage, la dette, l’emploi, l’industrie et la compétitivité.
Votre question ne mérite pas d’autre réponse, si ce n’est pour dire que ce gouvernement, sous l’impulsion du Président, travaille à redresser un pays… que vous avez laissé dégradé, affaibli et divisé. Il travaille à relancer la compétitivité et l’emploi et, s’agissant de l’Europe, il travaille à redonner un sens à la construction européenne .
Monsieur Dord, la conclusion vous appartient : puisque vous êtes au septième jour, reposez-vous, car vous en avez besoin ! »
Comme on le voit, Pierre Moscovici n’a pas montré un sens particulièrement aigu de l’humour. Bien entendu, Dominique Dord n’avait rien dit de constructif, ai-je rappelé au début de ce verbatim, mais son interlocuteur du gouvernement non plus. Il n’est pas forcément stupide de s’amuser un peu entre deux épisodes de tension dans les débats parlementaires, non ?
Article de Sylvain Rakotoarison - AGORAVOX.fr
Mais déjà le 24 Avril 2013, Ce sémillant député avait fait une intervention lyrique très remarquée !
https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=0jG0j71m3ZI