Monsieur "Plan-plan"
Nous avions connu la présidence « bling-bling », voici venu le temps de la présidence « plan-plan ».
Au moment ou la situation du pays continue de se dégrader, le nouveau président français ne semble pas se troubler outre mesure…normal ?
Personne n’a oublié le discours du candidatHollande, le 22 janvier 2012, au cours duquel les promesses lyriques et bienvenues se sont multipliées :
« Mon adversaire, c’est le monde de la finance (…) la taxe sur les transactions financières ne sera pas seulement le rétablissement de l’impôt de bourse (…) mais une véritable taxe sur les transactions financières » reprochant aux banques : « sauvées par les Etats, elles mangent désormais la main qui les a nourris…fin du cumul des mandats (…) les entreprises qui délocalisent devront rembourser les aides qu’elles ont obtenu(…) droit au mariage des homosexuels, à l’adoption (…) Nous avons besoin aussi des énergies renouvelables » : il avait promis en été 2011 la « fermeture immédiate de Fessenheim » … demandant a être évalué pendant son mandat, assumant totalement les promesses faites.
4 mois ont passé, alors allons-y, évaluons.
Le leitmotiv de la campagne présidentielle était, on s’en souvient : « le changement, c’est maintenant » et la langue française donne à ce mot un sens d’immédiateté.
Au sujet de Fessenheim, l’immédiateté fait long feu, car si Hollande continue d’affirmer sa fermeture, elle n’est plus « immédiate », mais « d’ici la fin de son mandat », et François Brottes, le conseiller énergie du président précise maintenant que « la fermeture de Fessenheim prendra un peu de temps ».
Pourtant le candidat Hollande avait déclaré cette centrale « obsolète », et voulait « fermer les centrales en fin de vie ».
Alors, la fermeture, c’est maintenant ?
Plus inquiétant, alors qu’il avait promis l’annulation de la construction de l’EPR de Penly, il ne l’évoque plus et il n’abandonne pas l’EPR de Flamanville, ce qui manque d’une certaine cohésion, alors que la démonstration est quasi faite que ce nouveau type de centrale pose plus de problème qu’il n’en résout.
Celui de Finlande accumule les contre-performances, béton dégradé, défauts de construction, prix plus que doublé, et énorme retard du chantier : de 2009, l’inauguration éventuelle est reportée à 2016.
On peut aussi s’interroger sur le silence assourdissant du nouveau président au sujet de la malheureuse phrase de Montebourg (le nucléaire serait l’avenir), lequel persiste et signe.
Alors, le changement c’est maintenant ?
Pourtant Fessenheim ne se porte pas bien, c’est le moins qu’on puisse dire : en juin dernier, des micros fissures horizontales, les plus préoccupantes, avaient été détectées dans la cuve du réacteur.
Le 28 mai 2012, 8 des 48 grappes de commandes posaient problème.
Ajoutons au tableau des pièces de robinetterie défaillantes, afin de mieux comprendre l’état de délabrement de cette vieille centrale.
Au moment ou la petite commune de Fessenheim s’apprêtait à fêter ce week-end le jumelage avecFukushima, 8 travailleurs du site ont du être évacués suite à un accident qui a occasionné des brûlures aux mains (malgré leurs gants) de 2 de ceux-ci.
Accident normal pour un président normal ?
Il souhaitait à l’époque « des énergies renouvelables »…qu’en est-il aujourd’hui ?
Le conseiller présidentiel regrette que le développement des énergies propres reste très marginal, mais pour autant, il ne dit rien sur le timing de son projet et l’éventuelle relance de celles-ci.
Lors de l’université d’été de la Rochelle, en 2011, Hollande avait pourtant annoncé que s’il était élu, « un fond de transition énergétique doté de 10 milliards d’euros ».
La transition énergétique, c’est pour maintenant ?
Il ne devrait pas être difficile d’en trouver les financements, car après sa déclaration sur les riches qu’il n’aime pas, et sa tonitruante déclaration sur le monde de la finance qui est son adversaire, il avait marqué sa volonté d’une « taxe sur les transactions financières ».
Hollande a affirmé qu’elle rentrerait en vigueur en 2013, mais pourquoi attendre si longtemps alors que les caisses de l’état sont vides ?
Lorsque l’on sait que la relance sur les énergies propres générerait des centaines de milliers d’emplois, et que nous venons de franchir le seuil des 3 millions officiels de chômeurs, on pourrait à juste titre s’étonner des lenteurs présidentielles.
Bien sur, il y a la promesse de taxer les hauts revenus à hauteur de 75%, mais les 4000 riches concernés du début ont fondu comme la banquise en ces temps de réchauffement planétaire et ils ne seraient aujourd’hui plus qu’un millier.
Comme l’a dit Joseph Stiglitz le 9 septembre 2012 dans l’émission de Stéphane Paoli (France Inter) : « nos politiques sont au pouvoir des banques ».
Et quid des entreprises qui délocalisent et qui devaient, d’après le nouvel élu, rembourser les aides reçues ?
On sait que Peugeot est sur le coup de fermer Aulnay, et pas seulement, et si les patrons de l’entreprise n’obtiennent pas une baisse du cout du travail, avec « la flexibilité » qui va avec, la délocalisation pointe déjà le bout de son nez , un message en forme de chantage.
Or Peugeot, et d’autres, ont été subventionnés par l’Etat : le président va-t-il réclamer des remboursements ?
Les remboursements, c’est pour maintenant ?
Cela représente tout de même au moins 4 milliards d’euros, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les patrons et actionnaires ne se portent pas trop mal.
Peugeot, c’est la première fortune française de Suisse, et les salaires de ces dirigeants atteignaient en 2010, des sommets.
Et quid des 8231 français dont les capitaux sont exilés dans les paradis dorés, information donnée par Hervé Falciani, lequel est aujourd’hui inquiété par la justice, étrange contradiction juridique ?
Woerth en avait comptabilisé uniquement 3000, étudié seulement 200, et 20 de ceux-ci avaient été invités à régulariser.
Il en resterait donc 8211.
Que va en faire le nouveau ministre du budget, puisque ces capitaux évadés représenteraient près de 60 milliards d’euros ?
Selon le magazine suisse « Bilan », il y aurait déjà 44 familles françaises, parmi les plus riches du pays, installées douillettement en Suisse, et les sommes planquées par ceux-ci représentent tout de même environ 30 milliards d’euros. Leur nom est connu.
Alors que LVMH fait de juteux bénéfices , son patron, Bernard Arnault, l’homme le plus riche du pays, et 4ème fortune mondiale, cherche à obtenir la nationalité belge, afin d’échapper peut-être à l’impôt des « 75% », le gouvernement est-il désarmé ?
Son cognac est subventionné par la PAC.
Alors, la chasse aux exilés fiscaux, c’est pour maintenant ?
Pour l’instant, les seuls signes visibles de cette présidence prudente, c’est la « danse du ventre » du gouvernement devant les membres de l’université d’été du Medef, dont les membres espèrent une baisse des charges patronales, et la possibilité de pouvoir faire travailler à leur guise leurs employés.
Comme l’a déclaré Laurence Parisot à Jean Marc Ayrault, « nous attendons plus qu’une déclaration d’amour, nous attendons des preuves de cet amour ».
Aujourd’hui, les préoccupations présidentielles ont l’air de pencher vers une ratification du pacte budgétaire par la France, ce qui signifierait un grave tour de vis touchant les plus modestes du pays, d’où un appel à la mobilisation unitaire contre ce pacte le 30 septembre prochain.
Et quid d’une autre promesse, celle d’établir une échelle des salaires de 1 à 30 ?
Car si dans le domaine des salaires, on ne pourrait que se réjouir d’une telle décision, mais pour l’instant, ce projet d’échelle manque d’échelons : c’est pour quand le changement ?
Dans le même domaine, chacun a apprécié la décision présidentielle de baisser de 30% le salaire des ministres, pourquoi ne pas aller un peu plus loin, en s’occupant du salaire des sénateurs, des députés ?
Ceux-ci sont déjà trop nombreux, et perçoivent sans la moindre justification 6412 €, en plus de leur salaire élevé, et ceux qui s’en émoient peuvent signer une pétition sur ce
Quand au cumul des mandats, il semble qu’il y ait de l’eau dans le gaz, puisque de nombreux élus socialistes renâclent à appliquer cette décision pourtant citoyenne.
Tant de promesses pourraient être tenues tout de suite : mariage homosexuel, adoption, non cumul des mandats, échelle des salaires, …des décisions faciles à mettre en place rapidement.
Depuis l’élection, il y ait eu les vacances, mais 120 jours se sont écoulés, et les français peuvent s’inquiéter à juste titre, se demandant légitimement : « le changement, c’est pour bientôt » ?
Entre Valls qui continue la chasse aux Roms, et Peillon qui évoque, dans le droit fil d’une pensée sarkozyste, l’idée d’une morale, même s’il la qualifie de laïque, les français n’attendent-ils pas autre chose de ce gouvernement ?
Comme dit mon vieil ami africain : « si vous nous empêchez de rêver, nous vous empêcherons de dormir ».
L’image illustrant l’article provient de « twitter.com/droledegauche »
Merci aux internautes de leur aide précieuse.
Olivier Cabanel