Pendant que la Grèce sert de prétexte à l’affolement sur l’euro et que les faits divers sordides sont érigés en messe médiatique compassionnelle, les chercheurs continuent leurs travaux et parfois, trouvent des choses intéressantes. La revue Nature Communications vient de publier les résultats d’une petite équipe de chercheurs américains ayant montré que la rétine humaine secrète une protéine douée de sensibilité à la lumière et au magnétisme. Selon ces chercheurs, cette découverte devrait inciter à développer les recherches sur la sensibilité humaine au magnétisme. On savait en effet que certains individus, par exemple des navigateurs polynésiens, peuvent parcourir des centaines de kilomètres dans un ciel aux astres cachés par les nuages en percevant, semble-t-il, le champ magnétique terrestre. Néanmoins, ces résultats ne sont pas probants. Plus généralement, la sensibilité humaine au magnétisme est un sujet peu pratiqué, très controversé et peut-être délaissé pour son côté aventureux rappelant les vieilles lunes et autres polémiques du temps de Messmer. C’est donc le moment de rouvrir le dossier, conclut Stephen Pepper avec ses deux collaborateurs.
La sensibilité au magnétisme, qu’on peut nommer « magnétropisme » car elle sert à l’orientation, est un phénomène très répandu, chez les végétaux mais aussi certaines espèces parcourant de longue distances, comme les oiseaux migrateurs ou cet étrange papillon baptisé monarque et qui peut parcourir des milliers de kilomètres en s’aidant du champ magnétique quand le ciel est voilé. Les biologistes attribuent cette faculté à une flavoprotéine, le cryptochrome, responsable également du phototropisme chez les plantes ainsi que chez nombre d’espèce dont la drosophile, fameuse mouche qui par la taille de ses chromosomes, se prête à des expériences diverses et notamment, des études transgéniques. Cette molécule, dont il existe deux types, rend compte à la fois de la sensibilité à la lumière mais aussi au géomagnétisme. Chez l’homme, le type 2 est dix fois plus exprimé que le type 1, dans les cellules rétiniennes. L’expérience a donc consisté à introduire dans une drosophile le gène humain hCRY2. Les résultats montrent que la mouche génétiquement modifiée possède alors la faculté de répondre à la présence d’un champ magnétique et que cette réponse dépend également de la lumière.
La prudence doit être de circonstance lorsqu’on interprète ce type de résultats. On est sûr d’une chose, c’est de la fonctionnalité du cryptochrome humain qui réagit au magnétisme mais dont la réaction fait l’objet d’une transduction que dans le contexte où cette protéine est assemblée dans l’architecture moléculaire et cellulaire de la mouche, tel une caméra qui ne livrera des images du métro que si elle est connectée au dispositif de surveillance avec des câbles adéquats. Car tout est question d’assemblage. Des papillons, des oiseaux, des mammifères comme le renard, ont cette sensibilité au magnétisme. On peut se demander alors si l’homme ou ses ancêtres possédaient cette sensibilité et dans l’affirmative, quand et pourquoi l’ont-ils perdue. Les darwiniens sauront répondre que cette propriété magnétosensible ne confère aucun avantage adaptatif. Pourquoi alors la rétine humaine secrète-t-elle encore deux types de cryptochrome ? Sans doute pour répondre à un ensemble de fonctions bien précises. Peut-être la relation avec le monde sensible et le sens de l’orientation ou tout simplement l’horloge circadienne. C’est certain, il y a encore de grandes inconnues en matière de connaissance du vivant. Seuls, ceux qui savent s’interroger obtiendront des réponses. Ensuite, d’autres investigations plus aventureuses pourraient être tentées et pourquoi pas un réexamen des idées sulfureuses de Messmer, avec l’étude des propriétés thérapeutiques du magnétisme dans des contextes à définir.
Bernard Dugué
Scientifique, philosophe, écrit vain.
Auteur du livre H1N1 la pandémie de la peur, paru aux éditions Xenia
Ce que j’ai fait et sais faire : enseigner (niveau universitaire), chercher, analyser, synthétiser, écrire ; accessoirement, radio libre et animation café philo.
Domaines du savoir maîtrisés correctement ou plus : sciences physiques, chimie, biochimie, sciences du vivant, neurosciences, sciences cognitives, systémique, épistémologie, psychologie, philosophie, sociologie, histoire, théologie.
Cherche éditeurs, employeurs.... bdugue@wanadoo.fr
Diplômes
Ingénieur de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne, 1980
Doctorat de Pharmacologie, Toulouse, 1985
Doctorat de Philosophie, Poitiers, 1996
Gaz de schiste, l’embrouillamini parlementaire et une énorme déception citoyenne
La guerre des textes ! Assemblée Nationale, Sénat puis Commission Mixte Parlementaire
Tout avait bien démarré : des textes clairs et franchement opposés à l'exploration et l'exploitation de gaz et huiles de schistes avaient été déposés par le PS, l'UMP et même Borloo...
Puis le Gouvernement a décidé d'un vote dans l'urgence ... et les premières propositions de lois ont été remaniées pour n'en faire qu'une !
Les députés (donc l’Assemblée Nationale) ont voté une première loi tout fait insatisfaisante puisqu’elle laisse la porte ouverte aux travaux de recherche « d’hydrocarbures de roche-mère » par fracturation hydraulique.
Les sénateurs ont voté le 9 juin 2011 une autre loi qui également interdit l’exploration et l’exploitation « d’hydrocarbures liquides ou gazeux » par forages suivis de la fracturation de la roche, sauf dans le cas de projets scientifiques à fins d’expérimentation et d’évaluation de cette technique.
Article 1er bis (nouveau)
Il est créé une commission nationale d'orientation, de suivi et d'évaluation des techniques d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux.
Elle a notamment pour objet d'évaluer les risques environnementaux liés aux techniques de fracturation hydraulique ou aux techniques alternatives.
Elle propose à l'autorité publique les projets scientifiques d'expérimentation définis à l'article 1er et, sous son contrôle, en assure le suivi.
Cette commission réunit des représentants de l'État, des collectivités territoriales, des associations, des salariés et des employeurs des entreprises concernées. Sa composition, ses missions et ses modalités de fonctionnement sont fixées par décret en Conseil d'État.
Une Commission Mixte Parlementaire a été réunie pour faire la synthèse des textes des 2 Assemblées afin d'adopter une loi commune. En voici le texte :
TEXTE ÉLABORÉ PAR LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE
Voir les numéros :
Assemblée nationale : Première lecture : 3301,3392 et T.A. 658.
Sénat : Première lecture : 377, 417, 510, 556, 557, et T.A 140 (2010-2011).
Commission mixte paritaire : 640 (2010-2011)
PROPOSITION DE LOI VISANT À INTERDIRE L'EXPLORATION ET L'EXPLOITATION DES MINES D'HYDROCARBURES LIQUIDES OU GAZEUX PAR FRACTURATION HYDRAULIQUE ET À ABROGER LES PERMIS EXCLUSIFS DE RECHERCHES COMPORTANT DES PROJETS AYANT RECOURS À CETTE TECHNIQUE
TEXTE ELABORE PAR LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE
Article 1er
(Texte de la commission mixte paritaire)
En application de la Charte de l'environnement de 2004 et du principe d'action préventive et de correction prévu à l'article L. 110-1 du code de l'environnement, l'exploration et l'exploitation des mines d'hydrocarbures liquides ou gazeux par des forages suivis de fracturation hydraulique de la roche sont interdites sur le territoire national.
Article 1erbis
(Texte de la commission mixte paritaire)
Il est créé une commission nationale d'orientation, de suivi et d'évaluation des techniques d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux.
Elle a notamment pour objet d'évaluer les risques environnementaux liés aux techniques de fracturation hydraulique ou aux techniques alternatives.
Elle émet un avis public sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations, réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public, prévues par l'article 4.
Cette commission réunit un député et un sénateur, désignés par les présidents de leurs assemblées respectives, des représentants de l'État, des collectivités territoriales, des associations, des salariés et des employeurs des entreprises concernées. Sa composition, ses missions et ses modalités de fonctionnement sont précisées par décret en Conseil d'État.
..................................................................................................................
Article 4
(Texte de la commission mixte paritaire)
Le Gouvernement remet annuellement un rapport au Parlement sur l'évolution des techniques d'exploration et d'exploitation et la connaissance du sous-sol français, européen et international en matière d'hydrocarbures liquides ou gazeux, sur les conditions de mise en œuvre d'expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public, sur les travaux de la commission nationale d'orientation, de suivi et d'évaluation créée par l'article 1er bis, sur la conformité du cadre législatif et réglementaire à la Charte de l'environnement de 2004 dans le domaine minier et sur les adaptations législatives ou réglementaires envisagées au regard des éléments communiqués dans ce rapport.
Une énorme déception citoyenne !!!
Le texte définitif sera donc très probablement voté par la majorité présidentielle, sans aucune attention portée aux amendements qui avaient été déposés en leur temps par des députés ou sénateurs de divers bords, après que les premiers projets de lois, catégoriquement opposés à la recherche et l’exploitation de gaz et huile de schiste, aient été amendés dans l’optique de ne faire plus qu’un projet de loi commun à la gauche et à la droite.
En effet, le sujet « Gaz de schiste » transcendait au départ le clivage « gauche-droite » et nous avons cru un moment, en citoyens naïfs et légalistes, qu’une belle unanimité allait se manifester dans les deux assemblées et que le sujet serait enterré de belle et définitive façon.
Les lobbies industriels se sont manifestés dans l’intervalle. Les entreprises auront donc gain de cause, au mépris des intérêts collectifs.
On aurait voulu radicaliser l'opposition citoyenne que l'on ne s'y serait pas pris autrement. Un bon gros loupé de la part des parlementaires !
Brigitte Grivet - Agoravox
Habite en Provence (Var), travaille dans l'agriculture et suis intéressée par la vie de ma commune et par les problèmes environnementaux et de société (Trés motivée)
Tout avait bien démarré : des textes clairs et franchement opposés à l'exploration et l'exploitation de gaz et huiles de schistes avaient été déposés par le PS, l'UMP et même Borloo...
Puis le Gouvernement a décidé d'un vote dans l'urgence ... et les premières propositions de lois ont été remaniées pour n'en faire qu'une !
Les députés (donc l’Assemblée Nationale) ont voté une première loi tout fait insatisfaisante puisqu’elle laisse la porte ouverte aux travaux de recherche « d’hydrocarbures de roche-mère » par fracturation hydraulique.
Les sénateurs ont voté le 9 juin 2011 une autre loi qui également interdit l’exploration et l’exploitation « d’hydrocarbures liquides ou gazeux » par forages suivis de la fracturation de la roche, sauf dans le cas de projets scientifiques à fins d’expérimentation et d’évaluation de cette technique.
Article 1er bis (nouveau)
Il est créé une commission nationale d'orientation, de suivi et d'évaluation des techniques d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux.
Elle a notamment pour objet d'évaluer les risques environnementaux liés aux techniques de fracturation hydraulique ou aux techniques alternatives.
Elle propose à l'autorité publique les projets scientifiques d'expérimentation définis à l'article 1er et, sous son contrôle, en assure le suivi.
Cette commission réunit des représentants de l'État, des collectivités territoriales, des associations, des salariés et des employeurs des entreprises concernées. Sa composition, ses missions et ses modalités de fonctionnement sont fixées par décret en Conseil d'État.
Une Commission Mixte Parlementaire a été réunie pour faire la synthèse des textes des 2 Assemblées afin d'adopter une loi commune. En voici le texte :
TEXTE ÉLABORÉ PAR LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE
Voir les numéros :
Assemblée nationale : Première lecture : 3301,3392 et T.A. 658.
Sénat : Première lecture : 377, 417, 510, 556, 557, et T.A 140 (2010-2011).
Commission mixte paritaire : 640 (2010-2011)
PROPOSITION DE LOI VISANT À INTERDIRE L'EXPLORATION ET L'EXPLOITATION DES MINES D'HYDROCARBURES LIQUIDES OU GAZEUX PAR FRACTURATION HYDRAULIQUE ET À ABROGER LES PERMIS EXCLUSIFS DE RECHERCHES COMPORTANT DES PROJETS AYANT RECOURS À CETTE TECHNIQUE
TEXTE ELABORE PAR LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE
Article 1er
(Texte de la commission mixte paritaire)
En application de la Charte de l'environnement de 2004 et du principe d'action préventive et de correction prévu à l'article L. 110-1 du code de l'environnement, l'exploration et l'exploitation des mines d'hydrocarbures liquides ou gazeux par des forages suivis de fracturation hydraulique de la roche sont interdites sur le territoire national.
Article 1erbis
(Texte de la commission mixte paritaire)
Il est créé une commission nationale d'orientation, de suivi et d'évaluation des techniques d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux.
Elle a notamment pour objet d'évaluer les risques environnementaux liés aux techniques de fracturation hydraulique ou aux techniques alternatives.
Elle émet un avis public sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations, réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public, prévues par l'article 4.
Cette commission réunit un député et un sénateur, désignés par les présidents de leurs assemblées respectives, des représentants de l'État, des collectivités territoriales, des associations, des salariés et des employeurs des entreprises concernées. Sa composition, ses missions et ses modalités de fonctionnement sont précisées par décret en Conseil d'État.
..................................................................................................................
Article 4
(Texte de la commission mixte paritaire)
Le Gouvernement remet annuellement un rapport au Parlement sur l'évolution des techniques d'exploration et d'exploitation et la connaissance du sous-sol français, européen et international en matière d'hydrocarbures liquides ou gazeux, sur les conditions de mise en œuvre d'expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public, sur les travaux de la commission nationale d'orientation, de suivi et d'évaluation créée par l'article 1er bis, sur la conformité du cadre législatif et réglementaire à la Charte de l'environnement de 2004 dans le domaine minier et sur les adaptations législatives ou réglementaires envisagées au regard des éléments communiqués dans ce rapport.
Une énorme déception citoyenne !!!
Le texte définitif sera donc très probablement voté par la majorité présidentielle, sans aucune attention portée aux amendements qui avaient été déposés en leur temps par des députés ou sénateurs de divers bords, après que les premiers projets de lois, catégoriquement opposés à la recherche et l’exploitation de gaz et huile de schiste, aient été amendés dans l’optique de ne faire plus qu’un projet de loi commun à la gauche et à la droite.
En effet, le sujet « Gaz de schiste » transcendait au départ le clivage « gauche-droite » et nous avons cru un moment, en citoyens naïfs et légalistes, qu’une belle unanimité allait se manifester dans les deux assemblées et que le sujet serait enterré de belle et définitive façon.
Les lobbies industriels se sont manifestés dans l’intervalle. Les entreprises auront donc gain de cause, au mépris des intérêts collectifs.
On aurait voulu radicaliser l'opposition citoyenne que l'on ne s'y serait pas pris autrement. Un bon gros loupé de la part des parlementaires !
Brigitte Grivet - Agoravox
Habite en Provence (Var), travaille dans l'agriculture et suis intéressée par la vie de ma commune et par les problèmes environnementaux et de société (Trés motivée)
Rattachement gendarmerie avec la police au ministère de l’intérieur, bilan d’étape
Qu’en est-il deux ans après la promulgation de la Loi ?
Le Premier ministre a confié à deux parlementaires une mission d'évaluation du rattachement de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur. Le député UMP de l'Isère Monsieur Alain Moyne-Bressand et Madame la sénatrice RDSE de l'Aveyron Anne-Marie Escoffier.
Les deux parlementaires ont été chargés de cette mission par un courrier du 25 mai 2011 et doivent rendre leurs conclusions pour le 30 juillet. Tenant compte de ce délai particulièrement court on a des difficultés à imaginer que les deux élus puissent aller au fond des problèmes induits par cette mutation du ministère de la Défense au ministère de l’Intérieur.
L’Association Gendarmes et Citoyens, qui milite pour un droit d’association et d’expression des gendarmes, s’est toujours impliquée pour faire ressortir les incohérences de ce transfert. Elle a adressé un courrier aux deux parlementaires en exposant le ressenti de ses membres, gendarmes et citoyens, après bientôt deux années d’expérimentation de la Loi.
Je vous propose le contenu de cette lettre qui résume très succinctement le constat qui a été fait.
« Par un courrier du 25 mai 2011, le Premier Ministre vous a missionné (e) pour évaluer les modalités concrètes du rattachement organique et budgétaire de la Gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur.
Notre association ne peut que se féliciter de l’intérêt que porte le premier Ministre aux conséquences de la loi du 3 août 2009.
La direction de la Gendarmerie Nationale ne manquera pas de vous brosser un tableau aussi fidèle que possible des conséquences de la loi. Nous voulons cependant nous permettre de vous indiquer quel est le sentiment d’un grand nombre de gendarmes, sentiment qu’il vous est possible de vérifier en consultant le forum « gendarmes & citoyens » qui est un excellent baromètre du ressenti des personnels de l’arme. Actuellement ce baromètre serait plutôt sur la position orage.
La Loi du 3 août 2009 n’a pas apporté de modification majeure à l’ organisation interne. La Gendarmerie s’était lancée dans la création des communautés de brigades et il ne semble pas que ce soit l’idéal pour obtenir un maillage satisfaisant et un service plus efficace. En tous cas le contact avec la population y perd très largement en qualité avec deux brigades sur trois qui n’ouvrent que deux demi-journées par semaine. Ce système pourrait être efficace si les effectifs étaient suffisants ce qui est loin d’être le cas que ce soit en nombre ou en qualité car, outre les suppressions, beaucoup de postes de sous-officiers sont remplacés par des gendarmes adjoints volontaires et il est de plus en plus fait appel aux réservistes pour assurer les missions.
Le gendarme est de moins en moins présent dans nos campagnes, soit il est cantonné à des tâches particulières comme la police de la route soit il est accaparé par ses missions prioritaires comme les enquêtes judiciaires ou les nombreux dossiers à traiter à la demande des administrations.
La dissolution de quinze escadrons de gendarmerie mobile impose un rythme de travail très soutenu pour les militaires de cette subdivision d'arme et pourrait être préjudiciable en cas de troubles majeurs et simultanés à l'ordre public.
Par obligation, le contact avec la population n’est plus une priorité. Il est évident que dans ce cas l’efficacité en matière de sécurité et d’ordre publics n’y trouve pas son compte et la politique du résultat laisse de sérieux doutes quant aux méthodes de recueil des chiffres qui sont régulièrement annoncés.
La mutualisation des moyens entre police et gendarmerie est une utopie, tous les services de sécurité travaillent à flux tendu et chacun utilise au mieux ses propres moyens et constate qu’ils vont en se raréfiant ou en vieillissant en raison des restrictions budgétaires qu’impose la RGPP.
S’agissant de la parité globale entre les deux forces de sécurité, il s’agit d’un leurre auquel les gendarmes ne croient plus. Ils se rendent compte que le regroupement des policiers et gendarmes dans un même ministère a tout du mariage de la carpe et du lapin. Ils ont compris depuis longtemps que les différences ne peuvent être effacées tant que devront coexister sous un « même toit » des civils au temps de travail hebdomadaire contingenté qui peuvent s’ exprimer au travers de leurs syndicats et des militaires sans limites horaires de travail à qui on propose un droit d’expression qui n’a rien de réel car toujours sous la censure de la hiérarchie. Un exemple flagrant est celui de la dissolution de l'escadron de Rennes annoncé brutalement à ses personnels alors que le soir même, suite à un entretien avec les syndicats de police, le ministre de l'Intérieur renonçait à la suppression de deux compagnies républicaines de sécurité. Le statut militaire est surtout mis en avant pour toujours profiter d’une force de sécurité soumise, silencieuse et très disponible. Il semble que ce leurre n’est plus attractif et que le recrutement s’en ressente sérieusement. Quoi qu’il en coûte il est absolument nécessaire de revenir à une Gendarmerie composée en grande majorité de sous-officiers car ce sont eux la cheville ouvrière de l’institution.
Je reste à votre entière disposition pour répondre aux éventuelles questions que vous souhaiteriez me poser.
Je vous prie de bien vouloir agréer, (Madame la Sénatrice, Monsieur le député), l' expression de ma haute considération »
Christian CONTINI,
Président de l’association Gendarmes et Citoyens
Le Premier ministre a confié à deux parlementaires une mission d'évaluation du rattachement de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur. Le député UMP de l'Isère Monsieur Alain Moyne-Bressand et Madame la sénatrice RDSE de l'Aveyron Anne-Marie Escoffier.
Les deux parlementaires ont été chargés de cette mission par un courrier du 25 mai 2011 et doivent rendre leurs conclusions pour le 30 juillet. Tenant compte de ce délai particulièrement court on a des difficultés à imaginer que les deux élus puissent aller au fond des problèmes induits par cette mutation du ministère de la Défense au ministère de l’Intérieur.
L’Association Gendarmes et Citoyens, qui milite pour un droit d’association et d’expression des gendarmes, s’est toujours impliquée pour faire ressortir les incohérences de ce transfert. Elle a adressé un courrier aux deux parlementaires en exposant le ressenti de ses membres, gendarmes et citoyens, après bientôt deux années d’expérimentation de la Loi.
Je vous propose le contenu de cette lettre qui résume très succinctement le constat qui a été fait.
« Par un courrier du 25 mai 2011, le Premier Ministre vous a missionné (e) pour évaluer les modalités concrètes du rattachement organique et budgétaire de la Gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur.
Notre association ne peut que se féliciter de l’intérêt que porte le premier Ministre aux conséquences de la loi du 3 août 2009.
La direction de la Gendarmerie Nationale ne manquera pas de vous brosser un tableau aussi fidèle que possible des conséquences de la loi. Nous voulons cependant nous permettre de vous indiquer quel est le sentiment d’un grand nombre de gendarmes, sentiment qu’il vous est possible de vérifier en consultant le forum « gendarmes & citoyens » qui est un excellent baromètre du ressenti des personnels de l’arme. Actuellement ce baromètre serait plutôt sur la position orage.
La Loi du 3 août 2009 n’a pas apporté de modification majeure à l’ organisation interne. La Gendarmerie s’était lancée dans la création des communautés de brigades et il ne semble pas que ce soit l’idéal pour obtenir un maillage satisfaisant et un service plus efficace. En tous cas le contact avec la population y perd très largement en qualité avec deux brigades sur trois qui n’ouvrent que deux demi-journées par semaine. Ce système pourrait être efficace si les effectifs étaient suffisants ce qui est loin d’être le cas que ce soit en nombre ou en qualité car, outre les suppressions, beaucoup de postes de sous-officiers sont remplacés par des gendarmes adjoints volontaires et il est de plus en plus fait appel aux réservistes pour assurer les missions.
Le gendarme est de moins en moins présent dans nos campagnes, soit il est cantonné à des tâches particulières comme la police de la route soit il est accaparé par ses missions prioritaires comme les enquêtes judiciaires ou les nombreux dossiers à traiter à la demande des administrations.
La dissolution de quinze escadrons de gendarmerie mobile impose un rythme de travail très soutenu pour les militaires de cette subdivision d'arme et pourrait être préjudiciable en cas de troubles majeurs et simultanés à l'ordre public.
Par obligation, le contact avec la population n’est plus une priorité. Il est évident que dans ce cas l’efficacité en matière de sécurité et d’ordre publics n’y trouve pas son compte et la politique du résultat laisse de sérieux doutes quant aux méthodes de recueil des chiffres qui sont régulièrement annoncés.
La mutualisation des moyens entre police et gendarmerie est une utopie, tous les services de sécurité travaillent à flux tendu et chacun utilise au mieux ses propres moyens et constate qu’ils vont en se raréfiant ou en vieillissant en raison des restrictions budgétaires qu’impose la RGPP.
S’agissant de la parité globale entre les deux forces de sécurité, il s’agit d’un leurre auquel les gendarmes ne croient plus. Ils se rendent compte que le regroupement des policiers et gendarmes dans un même ministère a tout du mariage de la carpe et du lapin. Ils ont compris depuis longtemps que les différences ne peuvent être effacées tant que devront coexister sous un « même toit » des civils au temps de travail hebdomadaire contingenté qui peuvent s’ exprimer au travers de leurs syndicats et des militaires sans limites horaires de travail à qui on propose un droit d’expression qui n’a rien de réel car toujours sous la censure de la hiérarchie. Un exemple flagrant est celui de la dissolution de l'escadron de Rennes annoncé brutalement à ses personnels alors que le soir même, suite à un entretien avec les syndicats de police, le ministre de l'Intérieur renonçait à la suppression de deux compagnies républicaines de sécurité. Le statut militaire est surtout mis en avant pour toujours profiter d’une force de sécurité soumise, silencieuse et très disponible. Il semble que ce leurre n’est plus attractif et que le recrutement s’en ressente sérieusement. Quoi qu’il en coûte il est absolument nécessaire de revenir à une Gendarmerie composée en grande majorité de sous-officiers car ce sont eux la cheville ouvrière de l’institution.
Je reste à votre entière disposition pour répondre aux éventuelles questions que vous souhaiteriez me poser.
Je vous prie de bien vouloir agréer, (Madame la Sénatrice, Monsieur le député), l' expression de ma haute considération »
Christian CONTINI,
Président de l’association Gendarmes et Citoyens
Sécurité routière : Prévention ou impôt sécuritaire
Il y a 50 ans le code de la route comprenait des règles et des panneaux pour rappeler aux conducteurs les obligations, les dangers et les interdictions. En ce début du 21 ème siècle ces panneaux archaïques n’ont que très peu changé. En tous cas ils n’ont pas beaucoup profité des technologies modernes. Il en existe bien de nouveaux mais ils sont assez rares et sont le plus souvent attachés aux nouvelles structures routières voies rapides ou autoroutes.
Pour ce qui concerne les règles elles ont largement évolué en rendant les conditions de circulation de plus en plus strictes pour arriver à diminuer le nombre d’accidents mais aussi (et surtout) pour verbaliser ceux qui ne les respectent pas. On est bien loin de l’époque des fils tendus en travers de la route pour mesurer la vitesse des véhicules.
On nous parle de signalisation intelligente. On invente même ce qui existait déjà : des panneaux qui vous donnent la vitesse à laquelle vous circulez pour vous préciser si vous êtes en infraction ou non. Dans certains secteurs ces panneaux intelligents ont été supprimés car des imbéciles s’en servaient pour voir jusqu’à quelle vitesse ils arrivaient à pousser leurs véhicules. On connaît aussi les feux tricolores intelligents, ceux qui se mettent au vert quand une voiture se présente, ceux qui sont synchronisés pour obtenir qu’ils soient tous au vert lorsqu’on roule à la vitesse autorisée sur une avenue ou encore ceux qui se mettent au rouge si vous arrivez trop vite dans une agglomération. On a décidé d’en créer d’autres, ceux qui vous photographient si vous ne respectez pas le rouge ou l'orange et pour les rentabiliser on en étudie qui vont également permettre de vous flasher si vous passez au delà de la vitesse autorisée.
Puisque j’évoque les appareils de contrôle de vitesse, les « radars », ils ne sont pas tous intelligents, loin s’en faut. S ‘agit-il des appareils ou de ceux qui les mettent en place. Ils sont très souvent implantés dans des zones qui n’ont rien de dangereuses, rien d’accidentogènes, juste des secteurs où l’automobiliste relâche un peu son attention car la route est large, bien faite et dégagée.
Pour avoir un aspect pédagogique, ces radars « fixes » étaient signalés. Le 3 mai 2007 le Président de la République avait déclaré sur la radio RTL qu’il n’était pas envisagé de retirer ces panneaux de signalisation. Aujourd’hui ces paroles de « campagne » sont oubliées et on les supprime. De même, les appareils d’assistance à la conduite qui indiquaient ces zones de contrôle vont être interdits. Pourtant si l’on tient compte de ce que les radars doivent être implantés dans des secteurs dangereux il est normal que ces emplacements soient signalés aux conducteurs par les appareils en question qui alertent également en cas de dépassement de la vitesse autorisée.
A une époque lorsqu’un gendarme verbalisait pour la vitesse, on demandait de préciser dans le PV « hors le cas de dépassement ». Aujourd’hui si vous accélérez pour dépasser le véhicule qui vous précède et que vous êtes dans le viseur d’un de ces appareils, malheur à vous , personne n’en tiendra compte pas même le gendarme qui a le détecteur de vitesse entre les mains. Au niveau de la technologie il est clair que c’est « tout pour la répression » les appareils les plus sophistiqués sont mis au point pour vous prendre en défaut, vous « plumer » diront certains. Pas de droit à la moindre erreur, pas de faute d’inattention, conduisez le nez sur votre compteur (ha bon c’est dangereux ?)
Je suis assez fréquemment sur la route, même si je ne suis pas un professionnel. J’ai reçu trois PV pour dépassement de 1-1 et 2 kms de la vitesse autorisée. Je fais tout pour respecter les règles et j’ai pu constater que très rares sont ceux qui me dépassent. J’ai perdu des proches dans des accidents de la circulation, j’en connais qui resteront handicapés à vie, étant gendarme j’ai pu intervenir sur de véritables drames. Evidemment je suis pour un maximum de sécurité. Je me demande cependant, tenant compte de l’augmentation du nombre de véhicules, si nous ne sommes pas arrivés à un chiffre de tués sous lequel il sera difficile voir impossible de descendre. On nous affirme qu’une grande partie des amendes sert à financer les infrastructures routières (ce qui est invérifiable). Aujourd’hui, il serait temps d’investir dans la réhabilitation du réseau routier et d’utiliser les technologies modernes pour prévenir, éduquer et pas pour « matraquer ». De nombreux élus n’hésitent pas à dire que c’est une politique de nature à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’état et que le souci de la sécurité n’est pas le premier but de ces nouvelles mesures à caractère répressif. Personnellement j'ai réglé 180 euros.
Christian Contini. Agoravox
Christian CONTNI, né le 6 février 1947 à Passavant (70).A effectué une carrière de 35 ans en Gendarmerie terminant avec le grade de de major à la fin d'un parcours qui l'a mené des Vosges au Loir et Cher en passant par l'Orne, l'Indre et Loire, l'Eure et Loire et le Loiret. Il est président de l'Association Gendarmes et Citoyens qui a pour but d'obtenir un droit d'expression et d'association pour les gendarmes mais aussi de maintenir le lien avec les citoyens.
Pour ce qui concerne les règles elles ont largement évolué en rendant les conditions de circulation de plus en plus strictes pour arriver à diminuer le nombre d’accidents mais aussi (et surtout) pour verbaliser ceux qui ne les respectent pas. On est bien loin de l’époque des fils tendus en travers de la route pour mesurer la vitesse des véhicules.
On nous parle de signalisation intelligente. On invente même ce qui existait déjà : des panneaux qui vous donnent la vitesse à laquelle vous circulez pour vous préciser si vous êtes en infraction ou non. Dans certains secteurs ces panneaux intelligents ont été supprimés car des imbéciles s’en servaient pour voir jusqu’à quelle vitesse ils arrivaient à pousser leurs véhicules. On connaît aussi les feux tricolores intelligents, ceux qui se mettent au vert quand une voiture se présente, ceux qui sont synchronisés pour obtenir qu’ils soient tous au vert lorsqu’on roule à la vitesse autorisée sur une avenue ou encore ceux qui se mettent au rouge si vous arrivez trop vite dans une agglomération. On a décidé d’en créer d’autres, ceux qui vous photographient si vous ne respectez pas le rouge ou l'orange et pour les rentabiliser on en étudie qui vont également permettre de vous flasher si vous passez au delà de la vitesse autorisée.
Puisque j’évoque les appareils de contrôle de vitesse, les « radars », ils ne sont pas tous intelligents, loin s’en faut. S ‘agit-il des appareils ou de ceux qui les mettent en place. Ils sont très souvent implantés dans des zones qui n’ont rien de dangereuses, rien d’accidentogènes, juste des secteurs où l’automobiliste relâche un peu son attention car la route est large, bien faite et dégagée.
Pour avoir un aspect pédagogique, ces radars « fixes » étaient signalés. Le 3 mai 2007 le Président de la République avait déclaré sur la radio RTL qu’il n’était pas envisagé de retirer ces panneaux de signalisation. Aujourd’hui ces paroles de « campagne » sont oubliées et on les supprime. De même, les appareils d’assistance à la conduite qui indiquaient ces zones de contrôle vont être interdits. Pourtant si l’on tient compte de ce que les radars doivent être implantés dans des secteurs dangereux il est normal que ces emplacements soient signalés aux conducteurs par les appareils en question qui alertent également en cas de dépassement de la vitesse autorisée.
A une époque lorsqu’un gendarme verbalisait pour la vitesse, on demandait de préciser dans le PV « hors le cas de dépassement ». Aujourd’hui si vous accélérez pour dépasser le véhicule qui vous précède et que vous êtes dans le viseur d’un de ces appareils, malheur à vous , personne n’en tiendra compte pas même le gendarme qui a le détecteur de vitesse entre les mains. Au niveau de la technologie il est clair que c’est « tout pour la répression » les appareils les plus sophistiqués sont mis au point pour vous prendre en défaut, vous « plumer » diront certains. Pas de droit à la moindre erreur, pas de faute d’inattention, conduisez le nez sur votre compteur (ha bon c’est dangereux ?)
Je suis assez fréquemment sur la route, même si je ne suis pas un professionnel. J’ai reçu trois PV pour dépassement de 1-1 et 2 kms de la vitesse autorisée. Je fais tout pour respecter les règles et j’ai pu constater que très rares sont ceux qui me dépassent. J’ai perdu des proches dans des accidents de la circulation, j’en connais qui resteront handicapés à vie, étant gendarme j’ai pu intervenir sur de véritables drames. Evidemment je suis pour un maximum de sécurité. Je me demande cependant, tenant compte de l’augmentation du nombre de véhicules, si nous ne sommes pas arrivés à un chiffre de tués sous lequel il sera difficile voir impossible de descendre. On nous affirme qu’une grande partie des amendes sert à financer les infrastructures routières (ce qui est invérifiable). Aujourd’hui, il serait temps d’investir dans la réhabilitation du réseau routier et d’utiliser les technologies modernes pour prévenir, éduquer et pas pour « matraquer ». De nombreux élus n’hésitent pas à dire que c’est une politique de nature à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’état et que le souci de la sécurité n’est pas le premier but de ces nouvelles mesures à caractère répressif. Personnellement j'ai réglé 180 euros.
Christian Contini. Agoravox
Christian CONTNI, né le 6 février 1947 à Passavant (70).A effectué une carrière de 35 ans en Gendarmerie terminant avec le grade de de major à la fin d'un parcours qui l'a mené des Vosges au Loir et Cher en passant par l'Orne, l'Indre et Loire, l'Eure et Loire et le Loiret. Il est président de l'Association Gendarmes et Citoyens qui a pour but d'obtenir un droit d'expression et d'association pour les gendarmes mais aussi de maintenir le lien avec les citoyens.
Le « walk of shame » : cette (très) longue marche post-coïtale
Par Nolwenn Le Blevennec | Rue89 | 26/06/2011 | 12H18
Il y a trois semaines, lors d'un déjeuner chez des amis, la jeune Morgane (tous les prénoms ont été changés), 20 ans, qui fait ses études dans une université anglaise, raconte à table les dernières anecdotes de son campus. Au dessert, l'une d'entre elles, nous fait beaucoup rire et encore dans la journée, en y repensant.
Son amie Mélanie s'est rendue à la soirée de fin d'année universitaire habillée de façon supra-suggestive – les vacances, ça se fête. Talons très hauts, décolleté jusqu'au nombril, jambes trois-quart nues. Madonna, période Erotica.
Ivre – les vacances, ça se fête –, Mélanie est rentrée un mec sous le bras, sans repasser par les vestiaires. Un oubli. Son manteau et son sac y sont restés. Ce soir là, elle a donc juste son portable sur elle, dans une poche.
Les pieds vernis et la gueule défaite
Après avoir fait l'amour (on doute que l'expression soit appropriée ici), dans sa chambre d'étudiant à lui, Mélanie sait qu'elle n'a pas envie de passer la nuit chez cet inconnu. Oui, c'est un inconnu, maintenant elle le réalise. Elle se tire : allez salut, à bientôt, hein.
Il est 6 heures du matin. Au contact du froid, l'acuité revient d'un coup sec. Mélanie réalise qu'elle n'a rien sur elle. Ni les clés de sa résidence. Ni argent. Elle s'agrippe à son portable. Son salut.
Elle passe dix coups de fils à ses « roommates ». Mais elles dorment comme des loirs immunodéficients, forcément – la fin d'année, ça se fête. C'est la catastrophe.
Mélanie seule dans le froid, les pieds vernis et la gueule défaite, erre sur le campus. A 9 heures, elle échoue à la cafétéria : elle ressemble à une star déchue et alcoolique qui ne retrouverait plus sa maison.
L'une de ses copines finira par se réveiller. Morgane termine l'anecdote par un : « Mélanie a vécu le “walk of shame” le pire de sa vie ». Le quoi ? « Walk of shame. » Ah oui, oui, bien sûr (on fait semblant de connaître l'expression pour ne pas passer pour une ringarde).
Le « walk of shame » inspire la pop culture américaine
L'expression est très connue dans les facs anglaises et américaines. C'est probablement dans ces dernières qu'elle a été inventée (en référence au « walk of fame », la promenade étoilée d'Hollywood). Il fallait bien un mot pour décrire ce phénomène bizarre : quand à l'aube, des dizaines d'étudiants circulent dans les couloirs des « dorms », les cheveux emmêlés et l'œil vide.
Le « walk of shame », c'est la marche post-coïtale, le trajet qui sépare l'appartement de son partenaire sexuel du sien.
A l'université de Connecticut, l'expression a inspiré une chanson « a cappella » sur un air de Simon & Garfunkel chantée par un groupe d'étudiants. Et un clip amateur non identifié.
Sur Internet, on trouve des kits walk of shame : celui d'Emily de Bask University, présenté sur son « vlog » et d'autres à 35 dollars (avec la robe en coton taille unique). Et sur Amazon, toutes sortes de « guides de survie » pour rester digne ces matins-là.
Quand l'affaire DSK éclate, le Daily News publie une photo de l'homme politique en pleine « perp walk » (marche du suspect) avec l'expression walk of shame écrite en grosses lettres blanches.
Le lendemain d'Halloween, le double walk of shame
L'expression est entrée dans le patrimoine de la « pop culture » américaine. On la croise dans la série « How I Met Your Mother ». Beaucoup de Français l'ont connue comme ça.
On en voit aussi dans les « teenage movies » de seconde zone (« Sorority Boys »), ou dans les talk shows satiriques. Par exemple, dans son Daily Show, John Stewart présente le concept de « double walk of shame » que l'on peut traduire « walk of shame au carré » : celle qui a lieu le lendemain de la fête d'Halloween.
Les sous-vêtements sont sales. Les chaussettes humides
Pourquoi la honte ? D'abord pour des raisons pratiques. Vous l'aurez compris, celui ou celle qui fait son walk of shame a découché. Une fois dans la rue, il ou elle est habillé de façon inadéquate (les filles souvent encore plus que les garçons). Les sous-vêtements sont sales. Les chaussettes humides. « Le sperme coule entre les jambes », ajoute élégamment une trentenaire anonyme.
Marion, qui raconte sa vie amoureuse sur un blog, est plus polie :
« Vous pouvez toujours squatter sa douche, mais il n'aura ni eau micellaire, ni crème de jour, ni lisseur à cheveux, ni votre fond de teint “make-up for ever” qui s'applique au pinceau. Rien, que dalle, nada, pas de quoi être présentable. »
Puis au téléphone, elle raconte :
« Moi le matin, comme j'habite dans la banlieue lyonnaise, je devais prendre le bus de 10 heures pour rentrer chez moi. J'étais en mini-short à talons et j'avais l'impression que les vieilles dames et les mères de famille me regardaient bizarrement. Je ne sais pas si c'était le cas. »
Celui qui vit le walk of shame est en léger état de paranoïa, c'est normal.
Ça s'assume, et ça peut même devenir le « walk of pride »
Honte aussi, parce que dans les cultures les plus puritaines, on n'assume pas : en nous voyant, les gens peuvent imaginer ce qu'on a fait toute la nuit.
Mais la plupart des Françaises que j'ai interrogées ne voyaient pas très bien ce que le mot « honte » venait faire là-dedans.
Elles assument très bien cette balade matinale et ce qu'elle implique. Quelques-unes adorent ça, même. Et parlent de « walk of pride » dont les icônes pourraient être Audrey Hepburn dans l'ouverture de Breakfast at Tiffany's (sublime dans les rues de New-York en robe longue et collier) ou cette jeune femme en tenue de soirée dans le métro parisien, en 1947.
Ces filles que j'ai interrogées préfèrent mille fois marcher seules à l'aube que d'inviter un mec chez elles. Comment s'en débarrasser après ?
« Pas besoin de s'accrocher au mec après, comme un panda »
Chez Eloise, 27 ans, le walk of shame procure en fait un sentiment de liberté :
« Le walk of shame est le signe qu'on est allé chez l'autre, pas que l'inconnu a squatté son lit douillet.
Ça, pour moi, c'est intolérable parce qu'une fois qu'il roupille dans mon
lit, c'est impossible de le déloger. Or, je n'aime pas dormir avec l'inconnu, ou le plan cul.
Ça surprend les mecs, qui, bizarrement, nous considèrent encore comme des romantiques qui ont besoin de s'accrocher à eux toute la nuit après avoir baisé, comme des pandas à leur tronc de bambou.
Sortir en pleine nuit de chez un mec avec qui je n'aurai plus
jamais affaire me procure un sentiment de liberté. »
Sa première expérience la fait encore rire :
« Je crois que mon premier walk of shame remonte à ma première fois. Des l'adolescence, j'ai compris que la vision romantique de la première fois avec son petit copain de lycée inexpérimenté dans le lit des parents qui sont au théâtre, c'était pas pour moi.
Un soir, dans un bar, je rencontre un groupe d'étudiants en médecine. L'un d'entre eux était beau.
Je suis rentrée le lendemain. Le problème, c'est qu'à cet âge-là, le walk of shame n'est pas discret. Je suis rentrée fraîche comme une rose (mais une qui aurait été coupée trois semaines avant et qu'on n'aurait pas arrosée), le maquillage flou, les cheveux en pagaille, le cerne violet bien épanoui…. pour retrouver ma mère avec qui je partais en voiture en Espagne en tête à tête pendant une semaine. »
Sylvie, la quarantaine, se souvient avoir volé quelques billets dans les poches de son amant de la nuit (qui ronflait) pour rentrer chez elle en taxi. Elle le raconte, encore réjouie par son insolence. Pas du tout honteuse.
Quand le trajet retour tourne au walk of dépression
Mais mieux vaut aller bien pour encaisser le walk of shame. Il peut être impitoyable : l'après orgasme, l'aube et ses questions existentielles, la solitude. Anaïs :
« Tout dépend du mec et de comment ça s'est passé. Si tu t'es sentie comme une chose, pas respectée, que le mec n'a pensé qu'à lui, que ce n'était pas un échange… tu te sens blasée et tu fais un peu le bilan de ta vie. »
Sophie se souvient de ce mec qui n'a même pas fait semblant de prendre son numéro le matin, et qui n'avait pas l'air intelligent à la lumière du jour. En minijupe et talons hauts de 10 cm dans le métro, elle riait de désespoir et d'autodérision. En rentrant, elle a trouvé un message de lui sur Facebook, et ça a un peu regonflé son ego.
Une autre se rappelle qu'un jour elle s'est mise à pleurer dans la rue, sans raison, au milieu des cadres dynamiques frais en costard cravate et tailleur uni. Elle se souvient : « L'alcool, la fatigue, j'ai eu un coup de tristesse. Dans ces moments-là, ça sort tout seul. »
Les hommes aussi ont leur walk of shame
Les garçons aussi peuvent mal le vivre. Ils sont plus touchés par la dimension psychologique du « walk of shame » (le côté propreté et vêtements inadéquats les touche moins, on l'a déjà dit). Paul, 34 ans, voyait une fille régulièrement qu'il n'aimait pas vraiment. Pudique :
« A chaque fois que je sortais de chez elle, j'avais le moral dans les chaussettes. Conscient que je n'aimais pas cette fille et que j'étais venu pour des mauvaises raisons. »
Tandis que Bixente raconte et c'est peut-être l'une des meilleures anecdotes :
« En Espagne, hyper bourré, plein d'absinthe, je chope une
meuf pas belle, grosse. Je passe la nuit chez elle.
Le lendemain matin, je me barre vite et sur le pas de la porte, elle me tend mon portable qui est tombé de la poche de mon jean's et un billet de 50 euros. Pendant tout le chemin du retour jusqu'à chez moi, je me demande d'où sort ce putain de billet, et je me suis douché deux fois, j'étais pas très bien, j'avais un peu honte. »
Il y a trois semaines, lors d'un déjeuner chez des amis, la jeune Morgane (tous les prénoms ont été changés), 20 ans, qui fait ses études dans une université anglaise, raconte à table les dernières anecdotes de son campus. Au dessert, l'une d'entre elles, nous fait beaucoup rire et encore dans la journée, en y repensant.
Son amie Mélanie s'est rendue à la soirée de fin d'année universitaire habillée de façon supra-suggestive – les vacances, ça se fête. Talons très hauts, décolleté jusqu'au nombril, jambes trois-quart nues. Madonna, période Erotica.
Ivre – les vacances, ça se fête –, Mélanie est rentrée un mec sous le bras, sans repasser par les vestiaires. Un oubli. Son manteau et son sac y sont restés. Ce soir là, elle a donc juste son portable sur elle, dans une poche.
Les pieds vernis et la gueule défaite
Après avoir fait l'amour (on doute que l'expression soit appropriée ici), dans sa chambre d'étudiant à lui, Mélanie sait qu'elle n'a pas envie de passer la nuit chez cet inconnu. Oui, c'est un inconnu, maintenant elle le réalise. Elle se tire : allez salut, à bientôt, hein.
Il est 6 heures du matin. Au contact du froid, l'acuité revient d'un coup sec. Mélanie réalise qu'elle n'a rien sur elle. Ni les clés de sa résidence. Ni argent. Elle s'agrippe à son portable. Son salut.
Elle passe dix coups de fils à ses « roommates ». Mais elles dorment comme des loirs immunodéficients, forcément – la fin d'année, ça se fête. C'est la catastrophe.
Mélanie seule dans le froid, les pieds vernis et la gueule défaite, erre sur le campus. A 9 heures, elle échoue à la cafétéria : elle ressemble à une star déchue et alcoolique qui ne retrouverait plus sa maison.
L'une de ses copines finira par se réveiller. Morgane termine l'anecdote par un : « Mélanie a vécu le “walk of shame” le pire de sa vie ». Le quoi ? « Walk of shame. » Ah oui, oui, bien sûr (on fait semblant de connaître l'expression pour ne pas passer pour une ringarde).
Le « walk of shame » inspire la pop culture américaine
L'expression est très connue dans les facs anglaises et américaines. C'est probablement dans ces dernières qu'elle a été inventée (en référence au « walk of fame », la promenade étoilée d'Hollywood). Il fallait bien un mot pour décrire ce phénomène bizarre : quand à l'aube, des dizaines d'étudiants circulent dans les couloirs des « dorms », les cheveux emmêlés et l'œil vide.
Le « walk of shame », c'est la marche post-coïtale, le trajet qui sépare l'appartement de son partenaire sexuel du sien.
A l'université de Connecticut, l'expression a inspiré une chanson « a cappella » sur un air de Simon & Garfunkel chantée par un groupe d'étudiants. Et un clip amateur non identifié.
Sur Internet, on trouve des kits walk of shame : celui d'Emily de Bask University, présenté sur son « vlog » et d'autres à 35 dollars (avec la robe en coton taille unique). Et sur Amazon, toutes sortes de « guides de survie » pour rester digne ces matins-là.
Quand l'affaire DSK éclate, le Daily News publie une photo de l'homme politique en pleine « perp walk » (marche du suspect) avec l'expression walk of shame écrite en grosses lettres blanches.
Le lendemain d'Halloween, le double walk of shame
L'expression est entrée dans le patrimoine de la « pop culture » américaine. On la croise dans la série « How I Met Your Mother ». Beaucoup de Français l'ont connue comme ça.
On en voit aussi dans les « teenage movies » de seconde zone (« Sorority Boys »), ou dans les talk shows satiriques. Par exemple, dans son Daily Show, John Stewart présente le concept de « double walk of shame » que l'on peut traduire « walk of shame au carré » : celle qui a lieu le lendemain de la fête d'Halloween.
Les sous-vêtements sont sales. Les chaussettes humides
Pourquoi la honte ? D'abord pour des raisons pratiques. Vous l'aurez compris, celui ou celle qui fait son walk of shame a découché. Une fois dans la rue, il ou elle est habillé de façon inadéquate (les filles souvent encore plus que les garçons). Les sous-vêtements sont sales. Les chaussettes humides. « Le sperme coule entre les jambes », ajoute élégamment une trentenaire anonyme.
Marion, qui raconte sa vie amoureuse sur un blog, est plus polie :
« Vous pouvez toujours squatter sa douche, mais il n'aura ni eau micellaire, ni crème de jour, ni lisseur à cheveux, ni votre fond de teint “make-up for ever” qui s'applique au pinceau. Rien, que dalle, nada, pas de quoi être présentable. »
Puis au téléphone, elle raconte :
« Moi le matin, comme j'habite dans la banlieue lyonnaise, je devais prendre le bus de 10 heures pour rentrer chez moi. J'étais en mini-short à talons et j'avais l'impression que les vieilles dames et les mères de famille me regardaient bizarrement. Je ne sais pas si c'était le cas. »
Celui qui vit le walk of shame est en léger état de paranoïa, c'est normal.
Ça s'assume, et ça peut même devenir le « walk of pride »
Honte aussi, parce que dans les cultures les plus puritaines, on n'assume pas : en nous voyant, les gens peuvent imaginer ce qu'on a fait toute la nuit.
Mais la plupart des Françaises que j'ai interrogées ne voyaient pas très bien ce que le mot « honte » venait faire là-dedans.
Elles assument très bien cette balade matinale et ce qu'elle implique. Quelques-unes adorent ça, même. Et parlent de « walk of pride » dont les icônes pourraient être Audrey Hepburn dans l'ouverture de Breakfast at Tiffany's (sublime dans les rues de New-York en robe longue et collier) ou cette jeune femme en tenue de soirée dans le métro parisien, en 1947.
Ces filles que j'ai interrogées préfèrent mille fois marcher seules à l'aube que d'inviter un mec chez elles. Comment s'en débarrasser après ?
« Pas besoin de s'accrocher au mec après, comme un panda »
Chez Eloise, 27 ans, le walk of shame procure en fait un sentiment de liberté :
« Le walk of shame est le signe qu'on est allé chez l'autre, pas que l'inconnu a squatté son lit douillet.
Ça, pour moi, c'est intolérable parce qu'une fois qu'il roupille dans mon
lit, c'est impossible de le déloger. Or, je n'aime pas dormir avec l'inconnu, ou le plan cul.
Ça surprend les mecs, qui, bizarrement, nous considèrent encore comme des romantiques qui ont besoin de s'accrocher à eux toute la nuit après avoir baisé, comme des pandas à leur tronc de bambou.
Sortir en pleine nuit de chez un mec avec qui je n'aurai plus
jamais affaire me procure un sentiment de liberté. »
Sa première expérience la fait encore rire :
« Je crois que mon premier walk of shame remonte à ma première fois. Des l'adolescence, j'ai compris que la vision romantique de la première fois avec son petit copain de lycée inexpérimenté dans le lit des parents qui sont au théâtre, c'était pas pour moi.
Un soir, dans un bar, je rencontre un groupe d'étudiants en médecine. L'un d'entre eux était beau.
Je suis rentrée le lendemain. Le problème, c'est qu'à cet âge-là, le walk of shame n'est pas discret. Je suis rentrée fraîche comme une rose (mais une qui aurait été coupée trois semaines avant et qu'on n'aurait pas arrosée), le maquillage flou, les cheveux en pagaille, le cerne violet bien épanoui…. pour retrouver ma mère avec qui je partais en voiture en Espagne en tête à tête pendant une semaine. »
Sylvie, la quarantaine, se souvient avoir volé quelques billets dans les poches de son amant de la nuit (qui ronflait) pour rentrer chez elle en taxi. Elle le raconte, encore réjouie par son insolence. Pas du tout honteuse.
Quand le trajet retour tourne au walk of dépression
Mais mieux vaut aller bien pour encaisser le walk of shame. Il peut être impitoyable : l'après orgasme, l'aube et ses questions existentielles, la solitude. Anaïs :
« Tout dépend du mec et de comment ça s'est passé. Si tu t'es sentie comme une chose, pas respectée, que le mec n'a pensé qu'à lui, que ce n'était pas un échange… tu te sens blasée et tu fais un peu le bilan de ta vie. »
Sophie se souvient de ce mec qui n'a même pas fait semblant de prendre son numéro le matin, et qui n'avait pas l'air intelligent à la lumière du jour. En minijupe et talons hauts de 10 cm dans le métro, elle riait de désespoir et d'autodérision. En rentrant, elle a trouvé un message de lui sur Facebook, et ça a un peu regonflé son ego.
Une autre se rappelle qu'un jour elle s'est mise à pleurer dans la rue, sans raison, au milieu des cadres dynamiques frais en costard cravate et tailleur uni. Elle se souvient : « L'alcool, la fatigue, j'ai eu un coup de tristesse. Dans ces moments-là, ça sort tout seul. »
Les hommes aussi ont leur walk of shame
Les garçons aussi peuvent mal le vivre. Ils sont plus touchés par la dimension psychologique du « walk of shame » (le côté propreté et vêtements inadéquats les touche moins, on l'a déjà dit). Paul, 34 ans, voyait une fille régulièrement qu'il n'aimait pas vraiment. Pudique :
« A chaque fois que je sortais de chez elle, j'avais le moral dans les chaussettes. Conscient que je n'aimais pas cette fille et que j'étais venu pour des mauvaises raisons. »
Tandis que Bixente raconte et c'est peut-être l'une des meilleures anecdotes :
« En Espagne, hyper bourré, plein d'absinthe, je chope une
meuf pas belle, grosse. Je passe la nuit chez elle.
Le lendemain matin, je me barre vite et sur le pas de la porte, elle me tend mon portable qui est tombé de la poche de mon jean's et un billet de 50 euros. Pendant tout le chemin du retour jusqu'à chez moi, je me demande d'où sort ce putain de billet, et je me suis douché deux fois, j'étais pas très bien, j'avais un peu honte. »
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